Tandis que l'« invasion » des terroristes de l'l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) de l'Irak a suscité une condamnation quasi unanime de la « communauté internationale », poussant jusqu'à une éventuelle intervention militaire américaine, le même groupe terroriste, aux soutiens plus que douteux, ne semble curieusement pas inquiété en Syrie où il a fait montre d'autant de barbarie. En présentant, hier, à Genève, son dernier rapport devant le Conseil des droits de l'homme de l'ONU, la commission internationale d'enquête indépendante sur la Syrie a indiqué que l'organisme était chargé d'engager des « poursuites judiciaires contre les personnes qui ont commis des crimes de guerre » et non « pas contre des groupes » tels que l'EIIL, pourtant auteur de nombreux crimes et exactions quasi réguliers. « Le problème c'est que nous avons besoin d'une volonté politique pour la création d'un tribunal chargé de juger les auteurs de crimes de guerre, car sinon, ce sera une tragédie pour la justice internationale », tenté de justifier Carla Del Ponte, membre de la commission. Par ailleurs, le rapport tire la sonnette d'alarme : « La guerre civile en cours en Syrie a atteint un point critique, menaçant toute la région ». Selon Paulo Sergio Pinheiro, président de cette commission mise en place depuis 3 ans par le Conseil des droits de l'homme des Nations unies pour enquêter et enregistrer toutes les violations du droit international relatif aux droits de l'homme en Syrie, « les enquêtes menées ont renforcé la thèse selon laquelle la principale cause des pertes civiles, des déplacements massifs de population est le ciblage délibéré des civils, ainsi que des attaques sans discrimination et l'imposition punitive de sièges et de blocus ». La commission a mené plus de 3.000 interviews faisant état d'un nombre « massif de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité ». « Plus ce conflit s'éternise, plus grand est le risque que les souffrances de millions de personnes soient occultées par des statistiques », a averti Pinheiro. « Derrière les 9,3 millions de personnes qui ont besoin d'aide humanitaire d'urgence, il y a des histoires individuelles de souffrance inimaginable », a-t-il conclu.