Le président de la Commission d'enquête internationale indépendante sur la Syrie, Paulo Sergio Pinheiro, a indiqué mardi que près de neuf (9) millions de personnes, soit le tiers de la population syrienne, avaient fui leurs foyers en Syrie depuis l'éclatement du conflit il y a près de 4 années. Dans sa présentation du rapport de la Commission d'enquête au Conseil des droits de l'homme de l'ONU, M. Pinheiro a précisé qu'outre les 2,5 millions de réfugiés syriens à l'étranger, on estime à 6,5 millions le nombre de personnes déplacées. Par ailleurs, il a fait savoir que plus de 100.000 personnes avaient perdu la vie alors que d'autres vivent maintenant avec les ''stigmates mentaux et physiques de la torture'', tandis que le sort de plusieurs milliers d'autres demeure inconnu. Les civils dans les zones assiégées en sont réduits ''à fouiller dans les ordures'', a-t-il déploré, ajoutant que des personnes sont mortes de faim dans ce conflit, y compris des enfants. Quant à la situation militaire, il a indiqué qu'elle n'avait cessé de se compliquer, précisant que le gouvernement syrien ''continue de compter sur sa puissance de feu supérieure et sa maîtrise du ciel'', bénéficiant d'une assistance extérieure de combattants étrangers avec, également, des arrivées d'éléments provenant d'Irak combattant aux côtés de l'armée et des milices pro-gouvernementales. Quant aux forces anti-gouvernementales, il a fait part de ''l'afflux de plusieurs centaines de groupes armés non-étatiques, des combattants qui rejoignent souvent les groupes les plus fanatiques''. Ainsi, ceux opérant dans les gouvernorats d'Alep et d'Al-Raqqah ''imposent leur idéologie radicale à la population civile'', a-t-il ajouté. Les attentats terroristes commis par des groupes armés non étatiques se multiplient, causant d'innombrables victimes et destructions, selon lui. M. Pinheiro a déploré qu'en dehors des efforts des organisations humanitaires, ''la communauté internationale n'a pas fait grand-chose, se contentant de constater le sort des malheureux pris dans ce maelstrom''. Tout juste rentré de la région, le président de la commission d'enquête a pu rencontrer des Syriens ayant fui la guerre, dont un grand nombre d'entre eux ont subi ''des atrocités sans nom''. ''La compassion ne saurait suffire. On ne peut continuer à rester assis dans ces salles pendant des années, à écrire des rapports et à faire des discours en se lamentant du sang qui coule dans les rues de Syrie'', s'est-il indigné. C'est dans ce sens qu'il a soutenu qu'une solution politique négociée devrait être recherchée avec une vigueur renouvelée, à la fois par les parties et par les pays influents, en appelant à la revitalisation des négociations de Genève.