L'écart se creuse, malgré les sacrifices des Algériens, entre une minorité privilégiée de pieds noirs et le reste, les populations arabes poussées à la paupérisation. L'option armée est arrêtée pour le 1er novembre 1954. Elle est confortée par les expériences passées, les massacres de Sétif et Guelma du 8 mai 45... Les politiques, le groupe des 22, dans leur quasi-majorité, rejoignent cet appel sous l'égide du FLN. L'intensité de la guerre montre toute la résolution des Algériens à arracher leur liberté et à ne baisser les armes qu'une fois l'indépendance acquise. Ce qui n'était vu, côté français, que comme une petite rébellion qui n'exige qu'« une simple opération de maintien de l'ordre » finira par gagner toutes les régions du pays. Elle sera portée sur le territoire de l'ennemi même. De 1954 à 1962, la France aura tout essayé pour éviter un nouveau Dien Bien Phu dans les Aurès ou en Kabylie. Et ce n'est pas faute d'avoir tout essayé : les bombardements au napalm, la torture, les camps de concentration. De Gaulle lui-même qui érigea les lignes fortifiées de la mort (Challe et Morice) le long des frontières, décréta le renforcement des contingents en Algérie, en battant le rappel des réservistes, vota les pouvoirs spéciaux pour les paras qui auront ainsi carte blanche pour la pratique de la torture, se résolut finalement à accepter le principe de l'autodétermination au profit du peuple algérien. Simples manœuvres ou désir sincère de trouver une vraie solution au problème algérien ? N'empêche, des contacts avaient déjà eu lieu dès 1956. Là, on ne dépassa guère, côté français, l'idée d'un cessez-le-feu qui serait suivi d'une « solution honorable ». Le souci premier était de trouver certainement une réponse au sort de la minorité française, en Algérie, à la question du pétrole du Sahara. Autant de questions qui hantaient, au premier chef, les dirigeants français qui avaient un moment envisagé une troisième force comme alternative au FLN. Mais la direction du FLN adopta, dit-on, « une position unanime » face aux premiers contacts initiés par de Gaulle. L'un des dirigeants de la Révolution, Abdelhafidh Boussouf déclara, en août 1958, comme pour montrer leur intérêt à cette alternative, que la France n'a, jusqu'à présent, fait « aucune ouverture sérieuse ». En septembre, Ferhat Abbas qui rejeta le « document Pompidou » qui n'était qu'une offre de cessez-le-feu, répondit à de Gaulle que le GPRA était prêt à négocier sur la base de l'indépendance tout en affirmant que le Sahara faisait partie de l'Algérie. En janvier 1960, la troisième session du CNRA reconduisit Ferhat Abbas à la tête du GPRA qui reçut la mission de mener les négociations sur des bases claires acceptées par tous : accord politique sur l'indépendance, statut de la minorité européenne, concessions limitées sur l'exploitation du pétrole et sur l'utilisation des bases militaires. Les discussions reprirent du 20 au 28 juillet à Lugrin, au château d'Allaman à quelques kilomètres d'Evian. Le CNRA se réunit du 9 au 27 août 1961 à Tripoli. Il devait évaluer le travail fait par le GPRA, se prononcer sur les négociations et désigner un nouveau gouvernement. La poursuite des négociations sera menée par le nouveau gouvernement avec à sa tête Benyoucef Ben Khedda et Saad Dahlab aux Affaires étrangères. Les négociateurs achevèrent un texte final de dix déclarations le 19 février 1962 à 2h30 du matin. Le 27 février, le Conseil national de la Révolution (CNRA) adopta officiellement une résolution mandatant le GPRA pour signer les accords. Seuls quatre votants s'y opposèrent. Les cinq chefs prisonniers en France avaient été associés à toutes les phases de la négociation. Une instance, l'Exécutif provisoire, fut mise en place et chargée d'assurer le respect du cessez-le-feu et de gérer la transition jusqu'à l'indépendance. Une période qui a vu de grandes exactions de la part des éléments de l'OAS, avec des incendies, des assassinats de simples citoyens... Bien que certains actes, au vu de l'ampleur des massacres, pratiqués par l'arme française sur les populations algériennes, notamment, fussent passibles de poursuite pour crime contre l'humanité, les négociateurs français aux Accords d'Evian ont obtenu l'inclusion de la garantie de non poursuite pour tous les actes commis en Algérie. Des lois avaient été votées à cet effet en France. Ces textes qui ont ainsi amnistié plusieurs militaires français et responsables de police ont rendu difficile toute poursuite à l'encontre des auteurs des massacres commis sur le territoire algérien ou en France, à l'instar de la répression criminelle des manifestations du 8 mai 45 à Sétif et celle du 17 octobre 1961 à Paris. Une lutte qui bénéficia d'une grande audience internationale tout en isolant la France Le FLN, tout en menant une guerre contre le colonialisme n'a pas négligé la voie diplomatique pour faire avancer sa cause. En effet, le peuple algérien, en lutte, a bénéficié, à travers la guerre de libération nationale, d'un grand élan de solidarité, au plan international. Outre les pays arabes et maghrébins, mais aussi européens qui ont décidé d'y établir de grands réseaux pour le soutien de la révolution algérienne au sein des Non-Alignés, le 13 juin 1956, 13 pays afro-asiatiques avaient demandé la tenue d'une session extraordinaire de l'ONU consacrée à la situation en Algérie. Mais certains pays membres qui soutenaient la position de la France, avaient poussé le Conseil de sécurité à en rejeter la demande. Mais au cours de la session tenue en 1958, le principe du droit du peuple algérien à l'autodétermination fut évoqué. Cet évènement a coïncidé avec la constitution, le 19 septembre 1959, du gouvernement provisoire algérien. Le 16 juin 1959, le comité d'orientation des Nations unies a recommandé l'inscription officielle de la question algérienne à l'ordre du jour des travaux de l'assemblée générale, et ce, en dépit de l'opposition du délégué français. Le 22 août 1960, le Gouvernement provisoire algérien a demandé à l'ONU l'organisation d'un référendum populaire sous son contrôle. le 20 décembre 1961, l'Assemblée générale des Nations unies a rendu public un communiqué demandant aux deux parties de poursuivre les négociations. La résolution fut adoptée par 62 voix contre 32. Les USA ont eux aussi adopté une position honorable en faveur de l'indépendance de l'Algérie. Dans un rapport de mission en Afrique remis au président Eisenhower au début de l'année 1957, Richard Nixon émettra de très sérieuses critiques à l'égard de la politique de la France en Algérie et se montrera favorable à l'indépendance de l'Algérie. Le 2 juillet 1957, le sénateur John Fitzgerald Kennedy prononça un discours au Sénat des Etats-Unis sur le thème de la guerre d'Algérie dans lequel il souligne que « cette guerre atroce a cessé de représenter un problème interne purement français et que les Américains sont directement concernés par ce conflit lequel a dépouillé jusqu'à l'os les forces de l'OTAN ». Selon certains historiens, les membres de l'Alliance atlantique s'inquiétaient aussi « de voir les moyens de l'OTAN de plus en plus détournés au profit du soutien logistique des armées françaises en Algérie au détriment de l'équilibre des forces en Europe face au bloc de l'Est ».