Pour lutter contre le déficit public (10%), Abdel Fattah al-Sissi, fraîchement élu président d'Egypte, prend deux décisions impopulaires qui pourraient constituer son premier défi : rogner sur les subventions qui « bouffent » 30% du budget de l'Etat et augmenter les impôts, deux conditionnalités du FMI avec lequel l'Egypte a négocié pendant plus de deux ans un prêt de 4,8 milliards de dollars. Cinq jours après l'augmentation des tarifs de l'électricité - les subventions actuelles de 25% des produits énergétiques, soit près de 5 milliards de dollars par an, disparaîtront d'ici trois ans dans les secteurs industriel et touristique et d'ici cinq ans au plus tard pour les ménages -, il demande à son gouvernement une révision à la hausse du prix de l'essence. Depuis hier matin, le prix du litre d'essence est passé, selon l'agence officielle Mena, de 1,85 livre égyptienne (28,1 DA) à 2,6 livres. Celui du litre de diesel est passé de 1,1 livre à 1,8 livre. Ibrahim Mahlab, le Premier ministre, qui a estimé en mai dernier que les subventions sur les hydrocarbures coûtaient à l'Etat 16 milliards d'euros par an contre 6,5 milliards d'euros pour le budget de l'éducation ou celui de la santé, demande aux Egyptiens, dont près de 40% de la population, soit quelque 34 millions de personnes, vit en dessous du seuil de pauvreté (2 dollars), de « comprendre » le gouvernement. Aux plus riches, il demande de consentir à payer une hausse de leur facture d'électricité entre 15 et 20%. Mahlab promet de ne pas toucher aux denrées alimentaires. Les Egyptiens, qui sont exhortés à circuler à vélo ou à pied pour économiser sur l'essence, ont eu droit aussi à une augmentation des impôts. Sous peu, ils doivent s'attendre à une hausse de l'inflation (10% en 2013). Selon une étude du Centre égyptien des études économiques, elle tournera au tour de 37%. Les prix des carburants qui connaîtront une hausse moyenne de 831% de leurs prix actuels et de l'alimentation, qui absorbe quelque 40% des dépenses des ménages, contribueront à cette hausse de l'inflation. Pour protéger les plus pauvres, le gouvernement promet de doubler la base des bénéficiaires de la pension sociale (allocation mensuelle aux plus pauvres) pour atteindre 3 millions d'Egyptiens. Tous les gouvernements égyptiens de ces dernières années ont appelé à supprimer les subventions sur l'essence. Mais comme tous savent que les augmentations de prix provoquent des mouvements de mécontentement, le dernier a emporté le président Mohamed Morsi, aucun n'a osé mettre en place cette mesure. Le populaire Al-Sissi, qui a promis d'améliorer le sort de son peuple dans deux ans, prend-il un risque ? Lors de la présidentielle qu'il a remportée avec 97% des voix en mai dernier, il a mené une campagne pour des mesures d'austérité et appelé les Egyptiens à faire des sacrifices pour redresser une économie qui survit grâce aux aides des pays du Golfe depuis qu'elle a fait fuir, début 2011, touristes et investisseurs.