A ce rendez-vous qui définira les phases des discussions — adoption d'une feuille de route puis d'un préaccord et, enfin, signature d'un accord — seront conviés le gouvernement malien, les mouvements politico-militaires du nord du Mali et les ministres des Affaires étrangères des pays impliqués dans le processus de paix au Mali. « Notre rôle est (...) de permettre aux Maliens eux-mêmes de se parler directement et d'envisager les solutions les plus à même de les aider », a déclaré le ministre des Affaires étrangères algérien, louant la « complémentarité » des approches burkinabé et algérienne. Le Burkina Faso, qui a joué « un rôle éminent » dans le « soutien au dialogue », et l'Algérie sont, dit-il, « sur la même longueur d'onde » et vont « conjuguer leurs efforts » et « capitaliser » leurs expériences pour la promotion de la paix au Mali. « La stabilité et la sécurité du Mali sont indissociables de celles de nos deux pays », conclut Lamamra qui avait annoncé vers la mi-juin dernier la phase initiale du dialogue inter-malien pour juillet prochain à Alger. Et de préciser que « toutes les conditions sont réunies en Algérie pour la réussite du dialogue inter-malien », qui « se poursuivra au Mali, dans la capitale ou n'importe où sur le territoire malien ». « L'Algérie a fourni des efforts soutenus, persévérants et méritoires en vue du lancement du dialogue inter-malien inclusif. Il n'y a dans l'esprit de tout un chacun ici aucune contradiction entre les efforts déployés par la Cedeao, à travers son médiateur le président burkinabé Blaise Compaor, et les efforts du président malien Ibrahim Boubacar Keita qui a demandé personnellement au président Abdelaziz Bouteflika, le soutien de l'Algérie le 18 juin dernier », a déclaré Lamamra à l'APS en marge des travaux de la 45e session ordinaire du Sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de la Cedeao où il a représenté le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, en qualité d'invité. Et d'ajouter que l'Algérie participe à ce Sommet pour faire un bilan des efforts déployés, assurant que « nous sommes en position de dire que nos efforts sont couronnés de succès pour cette étape dans la mesure où le dialogue inter-malien est sur le point d'être lancé à Alger avec le soutien de la Cedeao, de l'Afrique et de la communauté internationale ». Les groupes armés affichent leurs intentions Les groupes armés qui ont affiché leur volonté d'aller au dialogue inclusif ont signé deux documents, la Déclaration d'Alger (le 9 juin) et la Plateforme préliminaire (le 14 juin). Mercredi, le gouvernement malien, qui sera probablement représenté par les ministres Zahaby Ould Sidi Mohamed de la Réconciliation nationale, Abdoulaye Diop des Affaires étrangères, Sada Samaké de la Sécurité intérieure, l'ancien Premier ministre Modibo Kéita, haut représentant du chef de l'Etat aux côtés d'une équipe d'experts, tentera de convaincre les leaders du Mouvement national pour la libération de l'Azawad, du Haut-Conseil pour l'Unité de l'Azawad, du Mouvement arabe de l'Azawad, qui veulent leur indépendance, que leur salut et celui de tout le Mali est dans la décentralisation. La Coordination pour le peuple de l'Azawad, de la Coordination des mouvements et Fronts patriotiques de résistance et les dissidents du Mouvement arabe de l'Azawad, qui sont pour la souveraineté et l'intangibilité du territoire malien depuis qu'ils ont signé la Plateforme préliminaire, seront-ils probablement mis à contribution pour « assagir » les signataires de la déclaration d'Alger. Parmi ces derniers, certains estiment que la solution se trouve dans un nouveau statut juridique qu'il faudra conférer à l'Azawad pour qu'il bénéficie d'une « certaine autogestion, une certaine autonomie de gestion à la base ». « Cela ne mettra nullement en doute l'intégrité territoriale du Mali », disent-ils. Mais entre les discours et les faits... Curieusement, depuis quelques jours, les accusations mutuelles de violation du cessez-le-feu fusent de part et d'autre. Bamako a fait état, dans un communiqué publié mercredi, de « concentrations militaires et même d'avancées de troupes des groupes armés dans certaines localités du nord du Mali » et du déploiement du drapeau de la rébellion dans toutes les localités passées sous le contrôle des groupes armés. « De tels actes sont inadmissibles, selon le gouvernement malien, car constituant des violations de l'accord de cessez-le-feu du 24 juin 2014 et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. » La rébellion récuse. Elle accuse le gouvernement de perpétrer des attaques sur ses positions à travers des milices qui lui seraient fidèles. « Toutes les localités où nous sommes maintenant, nous les avons occupées entre le 21 et le 23 mai », défend Attaye Ag Mohamed, un membre de la cellule de communication du MNLA. « Donc, nous n'avons pas occupé d'autres villes, jusqu'à ce que nous nous rendions compte que l'armée malienne avec des groupes ethniques et aussi des groupes narcoterroristes ont essayé de se rapprocher de certaines localités et comme nous aussi, nous avions besoin de renfort, ce sont ces renforts qui se sont mobilisés à côté de là où nous sommes, par exemple à côté de Gao, de Tombouctou... L'armée malienne en voyant cela a pris peur et a commencé à déclarer que nous sommes en train d'occuper toutes les localités. » Moussa Ag Assarid, un important soutien du MNLA, affirme que des « milices pro-gouvernementales » ont attaqué « un poste avancé du MNLA/MAA près d'Anéfis (dans la région de Kidal) ». Ces accusations vont-elles s'arrêter à ce niveau ? Le gouvernement croit au dialogue « Nous allons à Alger très sereins, sincères, ouverts et disponibles pour le dialogue, la paix et la réconciliation mais avec une ligne rouge claire : pas d'indépendance ni d'autonomie. Il n'y aura pas de califat au Nord du Mali... Notre projet est hautement humain. Car nous sommes convaincus et nous le disons avec force qu'il n'y pas d'alternative à la paix. Sans paix, il n'y a aucun développement possible pour le Nord du Mali. Nous ferons en sorte que l'ensemble de la Nation soit dans cette dynamique. Il s'agit de mettre en place d'autres types de gouvernance où chacun se sentira concerné par le devenir commun et le vivre-ensemble », déclarait, dimanche dernier Ibrahim Boubacar Keïta, le président malien. « La solution militaire a montré ses limites, qu'il faut discuter, et surtout qu'il doit s'agir de discussions entre les Maliens. Il faut mettre l'accent sur la nécessité d'impliquer les populations du Nord dans les discussions. Et ceux qu'on appelle les mouvements armés, ce sont des Maliens. Donc ce sont des pourparlers inter-maliens ! Je suis très optimiste », déclare Modibo Keïta, le haut représentant de l'Etat pour le dialogue inclusif inter-malien.