On aura tout dit ou presque sur l'économie informelle et ses invisibles tentacules. Y compris l'incapacité à lutter efficacement contre le phénomène. L'activité qui porte bien son nom a la particularité d'entretenir son humus mercantiliste. Normal, on y gagne sans avoir à débourser la moindre ristourne au fisc. Et on y fixe des prix fantaisistes. Elle échappe aux leviers de contrôle classique. Cette économie-là, parasitaire par essence, ne connaît jamais de répit. Seules ses manifestations changent de forme. Celle-ci déborde de son cadre souterrain classique pour se montrer au grand jour, au cours du mois de Ramadhan. Des commerces de fortune font florès. Au mépris des règles d'hygiène et de conservation alors que les denrées proposées relèvent de la grande consommation. Le contrôle est-il moins sévère pendant cette période de jeûne ? On s'improvise revendeurs de toutes sortes de produits alimentaires à tous les coins de rue, au mépris du cadre légal. On semble s'engouffrer dans une relative tolérance ambiante pour vendre tout et n'importe quoi, des sucreries aux gâteaux, exposés à la poussière parfois à même la chaussée. Le dindon de la farce, le client affamé, cède à la pression du tube digestif, sans être regardant sur les conditions de vente. Au détriment de sa santé. Pourtant, les chiffres relatifs aux admis dans les hôpitaux est effarant, pour des problèmes digestifs. On s'empiffre comme on s'intoxique. Les dix premiers jours du Ramadhan, rien que dans la capitale, plus d'une tonne de produits alimentaires impropres à la consommation a été saisie par les équipes de contrôle de qualité et de répression de la fraude relevant de la direction du commerce de la wilaya d'Alger (DCA). Plus d'une tonne de marchandises dont des produits avariés et autres exposés de façon non conforme aux normes a été saisie, selon le chef de service de la répression de la fraude et de la protection du consommateur, M. Mohamed Hadjal. La marchandise est constituée de 450 kg de viandes blanches, plus de 60 kg de viandes rouges et 70 kg de poissons impropres à la consommation. Les agents de contrôle ont proposé la fermeture de quatre locaux commerciaux et la saisie de marchandises et de divers produits alimentaires non conformes aux normes. 626 procès-verbaux ont été dressés et 37 locaux commerciaux devraient être fermés. Ces services ont sérié les infractions. Absence de facturation, non-affichage des prix, dépassement des prix fixés par l'Etat, absence de registre du commerce, pratique d'une activité autre que celle déclarée sur le registre du commerce ainsi qu'absence d'hygiène figurent parmi les principales entorses enregistrées. Apparemment, ces contrôles et les sanctions qui s'ensuivent, n'intègrent pas les « revendeurs saisonniers » qui officient dans les rues et les espaces publics, donnant une piètre image de l'activité commerciale, de la cité et du consommateur lui-même.