En signe d'engagement, le président américain Barack Obama met sur la table 14 milliards de dollars d'investissement en Afrique. La feuille de route qui ambitionne d'occuper le terrain perdu prévoit également « plus d'entreprises africaines » aux Etats-Unis. « Il n'y a pas de raison qu'elles ne le puissent pas », a souligné le secrétaire d'Etat américain. Au deuxième jour du sommet Afrique–Etats-Unis auquel participe le Premier ministre Abdelmalek Sellal, multipliant les rencontres avec plusieurs hauts responsables de l'industrie pétrolière et du commerce américains, l'effet d'annonce de l'idylle américaine avec la « prochaine success story » aux couleurs africaines structure la quête d'un partenariat équilibré, principalement orienté vers les secteurs de la construction, des énergies propres, de la banque et des technologies de l'information. Après une première journée dédiée à la démocratie et aux droits de l'Homme, le forum économique a pris, hier, le relais des retrouvailles afro-américaines préparées depuis un an par Obama qui se présente en force au rendez-vous des affaires, en compagnie de l'ancien président Bill Clinton et d'un aréopage de capitaines d'industrie (General Electric, Coca Cola, Walmart). Deux vérités incontournables expliquent la priorité américaine : une Afrique prometteuse, au plus élevé taux de croissance au monde (5,8 %, en 2015, selon le FMI) et la position en retrait d'un marché dominé par la Chine (210 milliards d'échanges commerciaux contre 85 seulement pour les Etats-Unis). « Il est clair que l'Afrique de 2014 n'est pas l'Afrique de 2000 », a reconnu le représentant américain au Commerce, Michael Froman, appelant à une réadaptation de l'Agoa (African Growth and Opportunity Act), un système issu d'une loi américaine qui permet aux entreprises de 39 pays africains d'exporter vers les Etats-Unis sans payer de taxes. Au menu également, l'initiative Power Africa (7 milliards de dollars de fonds publics qui s'ajoutent aux 14 milliards des secteurs publics et privés) lancée le 30 juin 2013 au Cap, pour doubler l'accès à l'électricité en Afrique subsaharienne (Ghana, Liberia, Nigeria, Ethiopie, Kenya et Tanzanie dans une première phase) en 2018. Mais il s'agit, selon la conseillère à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, Susan Rice, de rompre tout aussi bien avec l'image de l'Afrique trop souvent associée « aux conflits, à la maladie et la pauvreté » et la persistance d'une vision dépassée d'une Afrique totalement marginalisée. « La croissance est là, maintenant, et pour de vrai. Il n'y a aucune raison que les milieux d'affaires américains ne rattrapent pas » leur retard, a lancé le patron de General Electric, Jeffrey Immelt. Cap donc sur la nouvelle Afrique fortement représentée par 35 présidents, 9 Premiers ministres et le roi du Swaziland. Une Afrique instituée en « nouvelle frontière » de la croissance mondiale qui ne laissera personne indifférent. « L'Afrique est plus importante que jamais », déclarait, il y a tout juste deux ans, Barack Obama.