La propagation de la fièvre aphteuse en Algérie n'aura pas été sans effet sur le trafic de cheptel, notamment au niveau des frontières avec le Maroc. Ainsi, le mouvement de contrebande du bétail algérien vers le Maroc s'est inversé. C'est désormais du Maroc que proviennent vaches, veaux et moutons. Face à ce phénomène, les GGF (Groupements des gardes-frontières) ont été associés en force, non seulement dans le dispositif préventif de lutte contre la fièvre aphteuse, mais également dans le cadre de la lutte contre le trafic de cheptel à l'approche de l'Aïd El Adha. « On a renforcé le contrôle des pâturages situés sur le tracé frontalier afin de déjouer toute tentative d'exportation de bétail vers le Maroc, mais aussi interdire l'importation illégale du cheptel marocain, probablement malade, comme cela a été le cas durant l'année précédente », a indiqué le chef du 19e Groupement des gardes-frontières de Bab El Assa, le lieutenant-colonel Abdelwahab Bouafia. Ainsi, des patrouilles sont mobilisées sur la bande frontalière de Marsat Ben M'hidi, Bab El Assa, Maghnia, Beni Boussaïd, Sidi Djillali et Bouihi. Les points de passage du bétail sont sous surveillance. Selon des rapports sécuritaires, les réseaux spécialisés dans le trafic de cheptel et son acheminement vers le marché marocain sont inactifs, cette année, et ce, en raison des contrôles renforcés sur la bande frontalière, mais également à cause de la menace de la fièvre aphteuse. « Cette maladie est susceptible de contribuer à faire baisser le prix du mouton algérien, ce qui n'arrange pas les contrebandiers qui s'orientent vers le mouton marocain, moins cher mais généralement boudé par le consommateur algérien », a expliqué un officier supérieur des gardes-frontières à Bab El Assa. Des responsables marocains ont « confirmé » cette nouvelle orientation. Interrogé sur le risque d'une propagation de cette maladie au Maroc, le directeur de l'Aassociation marocaine des éleveurs, Mustapha Abidi, a reconnu devant la presse qu'aujourd'hui, c'est plutôt le Maroc qui exporte son bétail vers l'Algérie et non l'inverse. D'ailleurs, des restaurateurs marocains implantés dans la ville touristique frontalière de Marsa Ben M'hidi à Tlemcen affichent carrément des pancartes sur lesquelles est écrit « viande marocaine ». Rafik, un ressortissant marocain originaire de Beni Drer, gérant d'un restaurant situé à proximité de la plage, affirme que plusieurs estivants ont boudé la viande bovine par crainte qu'elle provienne de bovins atteints de la fièvre aphteuse. « On a tenu à préciser à nos clients qu'il s'agit d'une viande du cheptel marocain », signale-t-il. Comment a-t-elle été importée ? « Je travaille dans la légalité en Algérie, qui est mon deuxième pays, plutôt mon pays », répond Rafik. N'empêche, le commandement du GGF a procédé à la mise à jour du « plan de lutte contre le trafic de cheptel », signale le chef du 19e commandement du GGF de Bab El Assa, le lieutenant-colonel Bouafia. Résultat : 10 q de foie bovin en provenance du Maroc et destinés aux estivants ont été saisis par les GGF. « Le cheptel marocain est non seulement une menace pour l'économie nationale mais aussi pour la santé du consommateur car les éleveurs marocains sont incapables financièrement de vacciner leurs troupeaux contre toutes les formes de maladies », signale un officier de la gendarmerie. La situation est propice pour brader leur cheptel sur le marché algérien.