La représentation de dimanche dernier au TNA de la pièce « Laylat Ghadab Al Aliha », (Nuit de colère des dieux) a eu un écho favorable auprès des fans du 4e art, peu nombreux tout de même à assister à la dernière production du théâtre régional de Batna. Ecrite par Mohamed Bourahla et mise en scène par Djamel Marrir, cette pièce de théâtre philosophique réalisée en deux mois de répétitions, s'inscrit dans un travail expérimental. Elle fusionne l'art théâtral et l'art chorégraphique. Pour M. Marrir, « ce travail est un hommage aux comédiens qui fournissent un travail titanesque. Le comédien, dans cette pièce, crée l'illusion, son décor et ses espaces... Il représente, ainsi, l'élément fondamental de cette œuvre » a-t-il affirmé lors d'une rencontre débat après le spectacle. Pendant une heure et dix minutes, douze comédiens se sont déployés dans un décor nu en accessoires aux formes imaginaires, sous une lumière faible, reflétant une atmosphère lugubre fidèle à la thématique alarmante de cette histoire créatrice de Mohamed Bourahla. La scène se déroule dans une époque indéfinie mais dans un lieu déterminé, une prison. L'histoire gravite autour de quatre frères innocents qui se retrouvent incarcérés. Délires, cris de colère, larmes et rires hystériques constituent cette ambiance. La pièce vaut surtout par la recherche formelle. Il s'agit d'une œuvre porteuse d'une vision singulièrement nouvelle avec une magnifique cohésion entre la mise en scène et le jeu des comédiens, surtout que la scénographie de la pièce, bien que simple, a été parfaite. Le dialogue a adopté un langage classique mais simple dans le but de simplifier le contenu du message. Cette pièce de théâtre est en fait une série de tentatives de réponses et de recherches sur l'humain sur un plan tant individuel que collectif, et avec quel regard cette thèse est vécue par l'ensemble des acteurs sociaux algériens. La pièce suscite une émotion universelle, car elle pose avant tout la question bien plus large du comportement humain ; ses médiocrités et ses petites lâchetés, et surtout par le rapport à l'autre et l'étrange dépendance qui en découle. Cette représentation théâtrale a été programmée, durant le mois de Ramadhan, à travers plusieurs wilayas. Elle sera distribuée à Batna en septembre. Djamel Marrir une des personnalités les plus actives dans le domaine du théâtre en Algérie, a, à son actif, plusieurs œuvres. Il ambitionne l'année prochaine de réaliser une comédie autour de la pratique théâtrale. n Samira Sidhoum