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Loin de l'orbite !
Système de géolocalisation européen Galileo
Publié dans Horizons le 03 - 09 - 2014


Reporté déjà en raison, notamment, de conditions météorologiques défavorables, le lancement sur orbite de deux satellites opérationnels de la chaîne de satellites du réseau Galileo ne se passe pas comme prévu. Le vendredi 22 août, à 12h27 gmt, décollait de la base spatiale française de Kourou, en Guyane, le lanceur russe Soyouz, avec pour mission de placer les satellites 5 et 6 du système Galileo, en orbite circulaire à 23.522 km d'altitude. Mais voilà que quelques heures après la mise à feu, on apprend que « les satellites ont été mis sur une orbite plus basse que prévu », par un communiqué de la société Arianespace, repris par le quotidien économique français latribune.fr qui recoupe l'information auprès de « Jean-Yves Le Gall, coordinateur interministériel pour la France du programme Galileo ainsi que président du Centre national d'études spatiales (CNES) et ancien patron d'Arianespace » qui précise : « On devait être sur une orbite circulaire de 23.000 km d'altitude, et l'orbite n'est pas circulaire, elle est elliptique et plus basse, aux alentours de 17.000 km, ce qui veut dire qu'on a du mal à remplir la mission ». Pour rappel, le réseau de satellites Galileo a été conçu par l'Europe en 2005, comme système de positionnement par satellites (radionavigation). Sa mise en œuvre a donné lieu à la mise en test des deux satellites Giove-A et Giove-B en décembre 2005 et avril 2008, avant leur lancement comme premier satellite de la « constellation Galileo », en octobre 2011. Le système s'enrichira de deux nouveaux satellites propulsés en octobre 2012 Les 2 suivants ont été livrés en mai 2014 et ont été lancés le 22 août 2014 par une fusée « Soyouz depuis la base de Kourou écrit l'encyclopédie en ligne wikipedia qui précise que « le déploiement du système était initialement prévu pour se terminer d'ici 2019-2020 ». Confronté au rayonnement de systèmes de géolocalisation concurrents, couvrant notamment son sol, l'américain GPS, Glonass le russe et le chinois Beidou/Compass, l'Europe a mis beaucoup de moyens et d'espoir dans ce projet destiné à lui assurer une « souveraineté spatiale » dédiée à la géolocalisation. « Il permettra de garantir l'indépendance de l'Union dans un domaine stratégique, alors que l'assujettissement à l'égard des systèmes globaux de navigation par satellite ne cesse de croître », peut-on lire dans un document officiel de la commission européenne, intitulé « vers une stratégie spatiale de l'Union européenne au service du citoyen », daté du 4 avril 2011 qui rappelle par ailleurs que « le système européen de navigation EGNOS (european geostationary ovrelay service) est un complément du système GPS, constitue le premier pas de l'Union européenne en matière de navigation par satellite et a pour objectif d'améliorer la qualité des signaux transmis sur le territoire européen par les systèmes mondiaux de radionavigation par satellite. Ensemble, les programmes Galileo et Egnos s'intègrent, selon les redacteurs du document de Bruxelles, « pleinement dans la stratégie Europe 2020, en ce qu'ils devraient permettre à l'Union de prendre une avance au niveau mondial en matière de développement de services innovants d'exploitation de la radionavigation par satellite, en stimulant l'activité économique sur le marché aval, en créant de nouvelles opportunités commerciales, en facilitant l'aide humanitaire et en améliorant le bien-être des citoyens européens (en augmentant la sécurité des transports, la protection civile ou en développant des services sociaux pour les personnes âgées et les handicapés, pour ne citer que quelques exemples). » Avec tant d'attentes et d'espérance, c'est peu dire que le lancement raté du 22 août dernier a suscité beaucoup de commentaires et de critiques. Les explications et rumeurs vont bon train pour comprendre ce qui a pu se passer pour arriver à un tel « gâchis ». Scruté de près par les spécialistes, le lanceur russe Soyouz a vite fait d'apparaître parmi les sources probables du désastre. « Pour le moment, c'est le lanceur des satellites, la fusée russe Soyouz, qui est montrée du doigt. Son étage supérieur, le module Frégate, n'a pas bien fonctionné au moment de libérer les deux satellites » rapporte le site de la radio française www.franceinfo.fr qui ajoute que « les données de vol de Soyouz vont être scrutées à partir de ce jeudi par les experts de la commission d'enquête, dont les premières conclusions sont attendues pour le 8 septembre. » Une hypothèse plausible également pour le journaliste du site du journal français www.ladepeche.fr, qui se base sur le contenu d'une « lettre envoyée par le directeur général de l'Agence spatiale européenne (ESA) au directeur de la direction générale ‘'Entreprises et industrie'', Daniel Calleja...le 25 août dans laquelle sont listées les explications de l'échec de la mise en orbite de deux premiers satellites Galileo », selon laquelle, écrit-il, le premier responsable de l'agence spatiale européenne « confirme qu'il s'agit bien du dernier étage Fregat de la fusée russe Soyouz. L'orbite sur laquelle ont été placés les deux satellites est « largement hors du domaine de la mission ». On parle d'une erreur de plus de 6 000 km. La distance est telle que les 68 kg d'ergol (le carburant qui sert au satellite à se déplacer dans l'espace), ne sont ‘'pas suffisants pour atteindre la position orbitale cible'' » De son côté, le site de la radio française franceinfo.fr, tout en s'étonnant sur le fait d' « avoir dans le viseur un lanceur russe sur un projet aussi stratégique, qui doit concurrencer le GPS américain mais aussi le système Glonass russe... », sollicite l'avis de l'astrophysicien français François Barlier, à l'origine d'une publication sur Galileo, pour lequel « cette dépendance du projet européen à Moscou pose problème », dans la mesure où, note-t-il, « d'un côté on a des relations difficiles avec les Russes, mais de l'autre on collabore avec les lanceurs Soyouz ». Mais d'autres sources de presse lient le ratage du lancement aux difficultés que connaît le projet Galileo depuis quelques temps déjà et pointent du doigt le mauvais choix fait par l'agence spatiale européenne de confier le chantier de construction des satellites de Galileo à une petite entreprise allemande OHB, à propos de laquelle le journal économique français écrivait déjà en octobre de l'année dernière qu'elle « boit la tasse... La PME allemande est incapable d'assurer seule la livraison des satellites. » Ce journal à qui un connaisseur du dossier aurait confié que « le programme ne va pas bien », évoque également des ‘'sources concordantes'', qui lui permettent d'avancer que cette « PME allemande, à qui l'Union européenne a confié la fabrication de 22 satellites FOC (Full Operational Capability) de la constellation du futur GPS européen, est aujourd'hui incapable de s'en sortir toute seule sans aide ». Pour latribune.fr, l'erreur de l'entreprise OHB, « qui n'était jusqu'alors qu'un simple assemblier de satellites » serait « d'avoir assuré à l'ESA lors des deux appels d'offre qu'il disposait de toutes les compétences pour maîtriser un programme de cette envergure ». On se rend compte quelque temps plus tard que l'entreprise n'a pas les compétences déclarées, selon le journal qui cite une source selon laquelle « ces retards étaient courus d'avance, il ne fallait pas confier ce programme à une PME ». Du côté du constructeur allemand, le quotidien économique français a pu avoir le point de vue d'une source interne qui dit : « Nous avons notre part de responsabilité sur les retards mais pour seulement un tiers... On avait sous-estimé certains risques et certains défis ». Son journaliste rappelle à cet effet qu'OHB a fait l'objet de deux audits, dont celui commandité par l'agence spatiale européenne au cabinet Roland Berger qui aurait, selon latribune.fr, « pointé la gestion défaillante du programme Galileo par OHB, qui aurait cumulé de nombreuses erreurs en terme de choix de technologies (des composants non adaptés) et de management. » Quoi qu'il en soit, le souci pour les autorités spatiales européennes est de savoir quelle suite donner à cette péripétie dans le cadre du déploiement du projet Galileo. Sur le site www.euractiv.fr, Franco Bonacina, le porte-parole de l'agence spatiale européenne déclare qu'actuellement, « il n'est pas possible de déterminer ce qu'on va faire de la mission. La question est délicate. Chaque satellite a un moteur et un réservoir qui lui permettent d'avoir une durée de vie de 12 ans environ. On peut utiliser ce carburant pour faire remonter les satellites mais cela va baisser leur durée de vie. Il faut donc voir si cela vaut le coup » Pour le journal français ladepeche.fr, « l'ESA étudie une autre utilisation future des deux satellites sans en dire plus », rappelant au passage que, selon le contenu de la lettre dont il a eu copie, « les satellites sont parfaitement contrôlés par le ‘'segment sol'' du Cnes de Toulouse. » Le journal note d'ailleurs que sur les satellites mis récemment sur une mauvaise orbite « un des deux panneaux solaires ne s'est pas déployé ». Il se réfère à « un connaisseur du secteur » pour minimiser les faits en soulignant que la société « OHB, le fabricant des satellites doit être en train de tous les vérifier sur les satellites suivants ». L'impact financier de ce lancement ‘'à côté de la plaque'', est estimé par le directeur général de l'agence, cité par ce site à « 145 millions d'euros : 75 M€ pour le lanceur, 32 M€ par satellite et 6 M€ pour les opérations de guidage depuis le sol ». Des coûts minimes pour le porte-parole de l'agence européenne qui explique au site euractiv.fr que comparés « avec des satellites scientifiques, ces engins sont peu chers car ils sont fabriqués en série. »

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