Al Qaïda, présente en force en Afghanistan et au Pakistan, tentée par un redéploiement en Asie du sud ? L'annonce de la création d'une nouvelle branche dans le sous-continent indien, ne laisse pas indifférent l'Inde qui a placé en état d'alerte plusieurs de ses Etats, en particulier le Gujarat, Madhya Pradesh, l'Uttar Pradesh et Bihar. La nouvelle menace, confortée par l'avènement de l'Etat islamique en Irak, a été brandie par le chef d'al Qaïda, évoquant le projet d'instauration d'un califat en Birmanie, au Bangladesh et dans certaines parties de l'Inde. « Nous prenons le sujet très au sérieux. De telles menaces ne peuvent être ignorées », a déclaré une source des services de renseignement indiens. Mais, la thèse de la féroce bataille de leadership est également posée. Dans cette tentative « désespérée », estime Ajit Kumar Singh, du groupe de réflexion Institute of Conflict Management, dont le siège est à New Delhi, il s'agit en fait d'« une bataille pour la suprématie entre al Qaïda et l'EI ». Le cas du Cachemire, seul Etat indien en majorité musulman en proie depuis longtemps à un mouvement séparatiste, ne semble pas adhérer au projet d'al Qaïda, aux yeux des principaux animateurs du mouvement séparatiste. « Ils n'ont aucune influence ici. Le Cachemire est un différend politique local et al Qaïda n'a rien à voir avec cela », a déclaré Ayaz Akbar, porte-parole du leader séparatiste Syed Ali Geelani. Un autre handicap et non des moindres : la faiblesse des recrues locales. La « Qaedat al-Jihad in the Indian Subcontinent » (al Qaïda en guerre sainte sur le sous-continent indien), placée sous l'autorité du Pakistanais Asim Umar subordonné au chef des talibans afghans, le mollah Omar, souffre du tarissement des sources de recrutement des jeunes indiens. « Nous n'avons pas connaissance de cellules d'al Qaïda ou de membres en Inde jusqu'à maintenant », explique Rahimullah Yusufzai, spécialiste de la mouvance jihadiste. « C'est un geste de désespoir. Plutôt que de se concentrer sur le Moyen-Orient, les pays arabes, ils misent sur une région où ils ne sont pas vraiment présents », soutient-il. al Qaïda en Asie du sud : une lubie ?