L'audiovisuel s'est doté, depuis hier, d'une instance de régulation. Son installation par le ministre de la Communication constitue un maillon dans le programme d'organisation de la presse en général. Elle sera suivie par l'autorité de régulation de la presse écrite et de la commission d'éthique et de déontologie. Un processus prévu dans la nouvelle loi relative à l'information de janvier 2012. Hamid Grine a déjà eu à rappeler que ces organes seraient mis sur pied au fur et à mesure que les préparatifs le permettent. L'autorité de régulation de la presse écrite devra attendre que les cartes de journaliste soient délivrées à l'ensemble des professionnels. L'opération est en cours, diligentée par une commission provisoire. La carte de journaliste permettra de déterminer le nombre de journalistes. Et identifier ainsi le corps électoral devant élire une partie de la composante de l'autorité de régulation, représentant la corporation. Celle de l'audiovisuel mise en place hier est donc un pas dans un processus de régulation qui comble un vide très ressenti, au regard de l'anarchie qui règne dans le champ de l'audiovisuel naissant où les chaînes privées rivalisent de cacophonie. Et de statuts confus. Sur les 22 chaînes privées qui émettent, cinq seulement détiennent une autorisation provisoire. Leurs programmes débordent largement le cadre « thématique » auquel les astreint, pourtant, la loi sur l'audiovisuel. Miloud Chorfi, désigné à la tête de cette instance, connaît assez bien le milieu pour avoir exercé le métier de journaliste avant d'être député. Ancien journaliste de la Radio et de la Télévision nationales, Chorfi a déjà présidé le Conseil national de l'audiovisuel et la commission de l'information de l'Assemblée populaire nationale. Il aura du pain sur la planche pour mettre de l'ordre dans le secteur. Amener les télés privées à se conformer au cahier des charges réglementaire et à s'en tenir à la rigueur de l'éthique. Mais aussi veiller au respect de la liberté d'exercice du métier. La finalité étant d'assurer des missions de service public de qualité. La loi relative à l'audiovisuel adoptée en janvier dernier par les deux chambres du Parlement charge, en effet, l'organe de régulation de « veiller au libre exercice de l'activité audiovisuelle dans les conditions définies par la législation et la réglementation en vigueur, à l'impartialité des personnes morales exploitant les services de communication audiovisuelle relevant du secteur public et à garantir l'objectivité et la transparence ». En vertu du droit du citoyen à l'information objective et complète, le métier doit s'exercer loin de toute pression. La régulation se prévaut à ce niveau là aussi. Car l'enjeu est de rendre possible une information crédible et objective. Et les textes législatifs ainsi que les organes de régulation qui les accompagnent visent à assurer que soient exercées la liberté d'expression et la liberté de la presse dans le respect des règles déontologiques, de sorte à ce que l'honneur de la vie privée d'autrui, les questions de sécurité nationale et des droits de l'Homme soient prémunis de violation.