Qui ne connaît pas l'artiste, l'auteur de l'album « Saïda », et de nombreuses chansons à succès qui ne s'est jamais démenti au fil des années et des générations. Tout Sétifien pourra fredonner sans se faire prier, quelques couplets de « Moul Chach » « Haret Zemmour » « Medi Yedek ». Même si on le savait malade, l'annonce du décès de l'un des plus grands piliers de la chanson sétifienne a provoqué une grande émotion dans sa ville natale. Il était considéré comme un authentique représentant d'un genre populaire. Il a su préserver dans toutes ses œuvres le cachet du sraoui. Impossible de ne pas se rappeler ses morceaux qui ont fait danser les Sétifiens ainsi que beaucoup d'Algériens lors des mariages ou de festivals où ses apparitions étaient fréquentes. Auteur de paroles riches et pures, Samir Belkhir, surnommé Samir Staïfi, nous a quittés à l'aube du 8 octobre 2014, à l'age de 66 ans, suite à une maladie incurable. La disparition de ce fils du quartier populaire Tandja a fait taire à jamais une voix sans pareille. Né en 1948, il a animé de nombreux concerts et faisait des apparitions fréquentes lors de la fête de la femme ou des fêtes nationales. Il était aussi très apprécié dans les milieux de l'émigration. On ne restait pas indifférent à ses prestations qui ravivaient la nostalgie. Il a continué à exercer son art malgré sa maladie. Il est né pour être artiste, il vivait pour ça et nous faisait vivre avec lui un bonheur inoubliable à travers des voyages dans des souvenirs traditionnels qu'il évoquait dans ses textes. Il n'a pas laissé derrière lui seulement une famille, une femme, des enfants et des petits-enfants consternés. Toute la ville de Sidi El Khier qu'il a chantée le pleure. « Il a toujours œuvré pour la valorisation et l'enrichissement du patrimoine culturel du territoire sétifien », nous a déclaré une de ses fans d'Alger. « Il sera à jamais le pilier de la chanson sétifienne, il a marqué l'histoire », nous a confié Amir, un jeune Sétifien « Je l'aimais beaucoup, il était modeste, je le voyais souvent en ville, à la maison de la culture, il sympathisait avec tous les habitants, même ceux qu'ils ne connaissaient pas », a témoigné une jeune Sétifienne. « Comment oublier votre posture séduisante Comment oublier votre façon de manier le micro Dans votre Qamis blanc Et vos tenues traditionnelles Vous n'avez jamais oublié qui vous étiez Et vous n'avez jamais manqué de nous rappeler qui nous étions Vous nous avez conté Sétif El Ali Des chapitres d'un amour pur Et c'est avec une grande tristesse que le livre se ferme aujourd'hui Sétif vous pleure et vous remercie Elle vous remercie d'avoir existé Que le Seigneur vous accueille dans Son vaste paradis Tout le monde se reconnaît dans ce poème d'hommage Un digne représentant du sraoui Sa voix puissante aux trémolos chevrotants, tirant sa vigueur de l'immémorial chant « sraoui », a servi pendant plus de quarante ans le riche patrimoine de la chanson sétifienne. « El Aâzba Staïfia », son premier grand succès, en 1979, « Khali Ya Khali », « Kahlouchi », « Khatem Sobeï », « Harat Zemmour El Aâlia », « Moulechache », « Ouaynek Ya Aïn El Fouara » ou encore « Meddi Yeddek lel'Henna », ont été des tubes très connus des générations de jeunes et moins jeunes Sétifiens. Connu pour son affabilité, sa spontanéité et sa grande disponibilité, Samir fut, tout au long de sa vie, le digne représentant de la chanson dite « staïfi », aussi bien en Algérie qu'à l'étranger où il était souvent invité à se produire. Tout récemment encore, il n'hésitait pas à interpréter, a capella, malgré la maladie, des passages de ses chansons devant l'instance des animateurs d'émissions artistiques sur les plateaux de télévision. Il avait déclaré, lors d'un entretien avec l'APS, en décembre 2005 : « La chanson sétifienne, je l'ai toujours servie et je continuerai de la servir jusqu'à mon dernier souffle ». Samir Belkheir a été inhumé hier après-midi, juste après la prière de Dohr, au cimetière de Sid-El-Khier, à Sétif. Hilda Amira Douaouda et APS