Chant immémorial tirant ses origines des hautes plaines sétifiennes, le sraoui mériterait bien, aux yeux des Sétifiens, que l'on lui réserve un festival annuel institutionnalisé et la Ville de Sétif vient pour cela de déposer un dossier complet auprès du ministère de la Culture. L'information émeut sans doute le tout Sétif et de manière particulière Samir Belkheïr, l'un des plus célèbres chantres du genre sraoui. Plus connu sous le pseudonyme de Samir Staïfi, il est, à 54 ans, sans doute le chanteur sétifien le plus en vogue et a prouvé. Il faut dire que depuis la diffusion, en 1979, d'une cassette contenant son premier grand succès, El Aâzba Staïfia, Samir Staïfi est devenu, de par le nombre impressionnant de «tubes» qu'il a enregistrés, une véritable icône de la chanson sétifienne. C'est qu'il est aujourd'hui difficile d'évoquer le sraoui et le genre «Staïfi» sans faire référence à cet artiste, qui a su s'imposer, à l'expert comme au profane, comme un authentique ténor dont la voix aux trémolos chevrotants, tire sa vigueur de ce chant dont les complaintes ont longtemps fait écho aux gémissements du vent sur les hautes plaines. Aujourd'hui reconnaissant, Samir insiste pour rendre hommage aux deux anciens orchestres sétifiens, Es-Saâda et En-Nasr. Leur apport dans l'orchestration de complaintes Sraoui, de tout temps interprétées a capella (sans instruments), et leurs efforts pour faire garder toute sa spécificité au genre «ont été déterminants pour le développement de la chanson sétifienne». Samir Staïfi tient aussi à mettre à l'honneur les musiciens Nacir Guidoum, Youcef Amouchi, Mabrouk Attar et Abdelkader Djilali lesquels, admet-il, «ont largement contribué au succès de quelques-unes de (ses) chansons les plus connues et les plus reprises à la radio». Ainsi, avec plus de trois cents chansons interprétées, il est de loin l'artiste le plus prolifique du côté des hauts-plateaux. Beaucoup de ses couplets figurent parmi les plus fredonnés dans tout le pays: Khali ya khali, Kahlouchi, Khatem sobeï, Harat Zemmour el âalia, Moulechache, Ouaynek ya Aïn El Fouara ou Meddi yadek lel'henna et bien d'autres.