Comme chaque année, le MAE met à profit le jour où l'Algérie est élue membre à part entière de l'ONU, pour faire le point sur sa politique étrangère depuis le 1er novembre 1954. Après la levée des couleurs, l'observation d'une minute de silence et le dépôt d'une gerbe de fleurs à la mémoire des martyrs ainsi que la plantation d'un arbre par Ramtane Lamamra, ministre des Affaires étrangères, les conviés, entre autres, Smaïl Hamdani, Rezzag Bara, Abdelghani Hamel, Ali Haroun, Smaïl Chergui, Lahcène Moussaoui, ont rendu un vibrant hommage aux victimes du devoir diplomatique, à l'image du consul Boualem Saies, décédé des suites d'une maladie chronique et de son collègue Tahar Touati, victime d'un « assassinat odieux » lors de sa détention par un groupe terroriste au Mali. Dans la foulée, l'actuel patron de la diplomatie algérienne qui a rappelé « la constance des valeurs qui ont de tout temps marqué la diplomatie algérienne », a fait un arrêt sur les grandes dates de son secteur et rendu hommage aux fondateurs de la diplomatie algérienne : le docteur Lamine Debaghine, Krim Belkacem et Saâd Dahlab. « Les réalisations sont nombreuses et incommensurables », déclare Lamamra. Et d'ajouter : « dans ces réalisations, le nom de Bouteflika est toujours présent. Soit en tant que ministre, soit en tant que président de la 29e session de l'Assemblée générale des Nations unies, en 1974, soit en tant que président de la République depuis 1999. » Le ministre ne manquera pas d'évoquer le nom de Lakhdar Brahimi, le diplomate onusien des « missions impossibles » (Haïti, Grands Lacs, Liban, Afrique du Sud, Afghanistan, Irak). L'ex-ministre des Affaires étrangères de 1991 à 1992 a, dans une intervention succincte et précise, fait le tour de la diplomatie algérienne, notamment sur les faits dont il a été témoin ou acteur. Prenant à témoin « A Diplomatic Revolution : Algeria's Fight for Independence », ouvrage de référence aux Etats-Unis du professeur Matthew Connelly, Brahimi estime que « le FLN a su qu'il ne devait pas affronter la France coloniale avec les armes seulement mais en utilisant au mieux le climat né de la guerre froide et de la montée des ONG ». « Les Algériens ont su et pu diviser les Français et isoler la puissance coloniale du reste du monde », dit-il, citant l'universitaire américain qui aurait conclu que « les Algériens ont réécrit les règles des relations internationales ». Une réécriture que certains analystes et observateurs font remonter au XIXe siècle. Un article publié en 1875 par le New York Times indique, selon Brahimi, que l'émir Abdelkader est l'un des plus grands hommes politiques de son siècle. Plus nuancé, il pense, comme le docteur Lamine Debaghine, que l'adhésion de l'Algérie au Mouvement des non-alignés à Bandung en 1955 peut être considérée, à juste titre, tel un second « Premier Novembre », mais « international » cette fois. Un « second Premier Novembre », insiste-t-il, qui trouvera sa pleine étendue en avril 1974 quand le président Houari Boumediène avait lancé « le nouvel ordre mondial ». Durant les débats, le directeur de la DGSN s'interrogea sur les missions qui échoient à la diplomatie en ces temps qui ont consacré la disparition de la bipolarité (Est-Ouest) et l'émergence du terrorisme international. Tout un programme. « Si j'avais une réponse à cette interrogation, aucun conflit actuel ne subsisterait », lui répond en souriant Brahimi. Les invités ont eu droit à une conférence de Nassim Mokrani, conseiller des Affaires étrangères. Ce dernier a présenté, à l'occasion, son livre « Les nouvelles diplomaties ». Un ouvrage où l'auteur montre que la politique de médiation, de bon voisinage remonte à l'époque où Rome et Carthage régnaient sur la Méditerranée. Comme pour marquer la journée, le MAE a lancé un programme dénommé « Marhaba » destiné aux diplomates étrangers nouvellement installés en Algérie. Selon Mohamed Abdelaziz Bouguetaia, directeur général de l'Institut diplomatique et des relations internationales, cette initiative vise à faciliter l'intégration des nouveaux diplomates étrangers. Parmi les activités : des conférences sur les fondements et les principes de la politique étrangère de l'Algérie, son histoire, sa culture et sa civilisation.