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« Des lobbies tentent de casser la production nationale de dattes » Madjid khobzi, président de la Chambre de commerce et d'industrie de la wilaya de Biskra
La foire internationale des dattes, qui se déroulera en Indonésie du 12 au 15 novembre est une manifestation importante pour l'Algérie. C'est une opportunité pour faire connaître la production nationale. Dans cet entretien, le président de la Chambre de commerce et d'industrie de la wilaya de Biskra (CCIB), également chef de la délégation algérienne à Jakarta, Madjid Khobzi, revient sur les objectifs de cette manifestation. L'Algérie est classée en 10e position des pays exportateurs de dattes. Pourtant, elle est le deuxième producteur mondial après l'Irak. Justement, c'est cette situation qui a poussé le ministère du Commerce à lancer une étude à la mi-octobre 2013 pour déterminer les causes de ce déclassement. L'Algérie, qui est le deuxième producteur mondial de dattes, est classée bien après la Tunisie, dont la production ne dépasse pas 10% de notre volume et exporte moins que l'Algérie alors qu'elle est positionnée en première place, suivie d'Israël, de même pour la France, classée 3e alors qu'elle n'a aucune production. On a tenté, à travers cette étude, de détecter les problèmes et faire la lumière sur ces résultats. Donc, on a pu mettre en place un plan de travail et une stratégie pour booster la production et améliorer les mécanismes d'exportation et de commercialisation. Quels sont les problèmes principaux, selon votre étude ? Malheureusement, la datte algérienne n'est pas connue, malgré sa haute qualité. Je vais peut-être vous étonner, l'Indonésie, qui est le premier consommateur de la datte dans le monde, considère que Deglet Nour est une datte d'origine tunisienne. Les Indonésiens ne connaissent pas la datte algérienne qui compte plus de 360 variétés. Parmi les problèmes soulevés, il y a aussi les lobbies, notamment juifs, qui tentent de casser la production nationale par une concurrence déloyale. Plus de 20 exportateurs ont été forcés, face à cette situation, à abandonner leur activité et des unités de conditionnement ont, ainsi, fermé. Des palmeraies dans les wilayas d'Adrar, Ghardaïa et El Oued ne sont plus exploitées à cause des difficultés de commercialisation. Leurs exploitants étaient contraints de vendre la datte à 20 DA/le kilogramme et d'autres l'ont transformée en aliment de bétail. C'est suite à ces difficultés qu'on a, en premier lieu, dépêché une délégation d'hommes d'affaires en Indonésie. On y a tenu une réunion en présence de l'ambassadeur de l'Algérie et d'opérateurs indonésiens. On a fait un point de situation sur les opportunités d'exportation, vu que l'Indonésie consomme près de 120.000 tonnes de dattes variées durant le mois de ramadhan. Notre stratégie est de booster la production et l'exportation des dattes des 2e, 3e et 4e choix vers ce pays. Cela va permettre de relancer la production dans les wilayas d'Adrar, El Oued et d'autres ainsi que le maintien des palmeraies dans ces régions. La contrainte des producteurs reste la commercialisation et l'exportation. Avez-vous prévu des solutions ? Effectivement. On a déjà organisé une rencontre de sensibilisation au profit des exposants participants, soit 80 producteurs de dattes des wilayas de Biskra, Batna, Ouargla, Ghardaïa, El Oued, Laghouat et Tébessa. Il faut savoir que la wilaya de Tébessa, à l'extrême est du pays, produit des dattes de haute qualité. L'objectif est de moderniser la procédure d'exportation des produits, mais l'essentiel est la promotion de la datte algérienne dans toutes ses variétés. Les opportunités d'exportation vers le marché indonésien ont été exposées aux opérateurs économiques activant dans la filière phoenicicole à Biskra. L'Indonésie, un pays consommateur par excellence, connaît mieux les dattes de la Jordanie, de l'Egypte, de la Tunisie, des Emirats et de l'Arabie saoudite. On a demandé aux 40 exposants des neuf wilayas qui vont participer à la foire internationale des dattes de Jakarta de faire connaître leurs produits et de les promouvoir d'autant qu'on va exposer 150 variétés. L'Algérie a-t-elle des opportunités sur le marché asiatique ? Selon notre étude d'évaluation, l'Indonésie, l'Inde, le Sri Lanka et la Malaisie sont les plus grands pays consommateurs des dattes variées et transformées. Lors de cette manifestation internationale, nos représentants tenteront aussi de promouvoir et de négocier des marchés pour ce fruit, de convaincre, afin de donner à Deglet Nour la place, la meilleure, qui lui revient sur le podium mondial. A l'occasion, des stands de notre chapiteau de près de 126 m2, ont été réservés à la délégation commerciale algérienne, la plus importante depuis l'indépendance, où les participants pourront faire valoir leurs produits. Cette délégation va se déplacer le 9 novembre en Indonésie. Notre ambassadeur nous fait un point de situation, écrit et transmis à la CCIB, toutes les 48 heures, ce qui nous a permis d'élaborer une étude économique pour déterminer la qualité des dattes appréciée par le client indonésien. La mesure prise par le ministère du Commerce de rembourser les frais de transport à l'exportation à hauteur de 80% a encouragé les participants. Outre la qualité, le prix de la datte sera abordable sur le marché international et pourra attirer de nouveaux consommateurs. Il y a également le problème de la récolte, en raison du manque de main-d'œuvre qualifiée... Il y a une coordination entre les secteurs de l'agriculture et du commerce. C'est dans le cadre du processus de modernisation des mécanismes d'exportation qu'on a également envisagé la modernisation de la récolte des dattes. Un salon international sera organisé par la CCIB, à Biskra, le 22 mars 2015. Il verra la participation de 28 pays et des experts scientifiques du Canada, d'Irak et de Californie pour encadrer nos producteurs. On a lancé une réflexion sur la modernisation de la production, la transformation et l'exportation du miel et des dattes, suite à la forte demande exprimée par l'Indonésie. Une étude de partenariat avec un investisseur italien est en cours afin de mécaniser la récolte. De ce fait, on a proposé aux producteurs des machines pour leurs récoltes, sans le recours à un tracteur ou à un véhicule tout-terrain. Ce sont des machines pratiques dotées d'une échelle de près de 30 mètres. Deux producteurs ont déjà pu acquérir ces machines ici à Biskra. On envisage l'organisation de salons dans les wilayas de Constantine, Oran, Alger pour sensibiliser les exportateurs et les producteurs. Le prix de la datte flambe malgré une production importante. Quelles en sont les causes ? La question est beaucoup plus liée à la culture de consommation. On a cette tendance à ne s'intéresser qu'à Deglet Nour. Donc, les prix élevés expliquent la forte demande alors qu'il existe plusieurs variétés qui sont plus riches en vitamines. Notre objectif est d'encourager les agriculteurs à développer toutes les variétés de dattes sans exception et faire leur promotion.