Selon un responsable du groupe coréen, constitué des entreprises Keiti, Soosung, Kunhwa, JS et GS-E/C, ce projet devrait permettre à l'Algérie d'avoir « une stratégie nationale en matière de récupération et de traitement de la boue » et de faire face « à l'accroissement de son volume dans les stations d'épuration », lui-même dû « au fort taux de connexion au réseau d'assainissement ». L'étude, confiée aux entreprises coréennes, a démarré en juillet 2013. L'Algérie dispose actuellement de 165 stations d'épuration en exploitation et s'apprête à mettre en service 84 autres d'ici à 2030, ce qui signifie qu'il y aura encore un accroissement du volume de boue produite. Le taux de traitement des eaux usées est de 30% à l'échelle nationale et de 50% dans la wilaya d'Alger. Les grandes villes comme Oran et Alger sont des régions à forte production de boue avec 30% du volume global. La boue doit subir soit un enfouissement, soit un déversement illégal, ce qui « pose un problème de pollution, de contamination du sol et des eaux souterraines », explique l'expert coréen, Jung Chang Hwan, qui ajoute que « le volume traité actuellement est en deçà des tonnes de boue dégagées ». Les Coréens ont proposé leur expérience pour un traitement « hygiénique de la boue et sa valorisation » sur trois périodes, de 2015 à 2020, de 2021 à 2025 et de 2026 à 2030. La boue est différente d'une Step à une autre, comme le montre l'étude réalisée sur cinq d'entre elles, situées à Boumerdès, Réghaïa, Baraki, Beni Messous et Tizi Ouzou. Les boues contiennent différentes substances toxiques, notamment des métaux lourds qui « peuvent avoir un impact environnemental sur les animaux, les végétaux et les hommes aussi », relève-t-on. « Les stations traitent 170 litres d'eaux usées par jour et par habitant, et on peut extraire d'un mètre cube environ, 350 g de boue sèche », soutiennent les experts. Sept centres de recyclage proposés dans le schéma Plusieurs méthodes de traitement et de valorisation sont proposées par l'étude. Il y a le séchage, l'incinération, la solidification, le compostage (fertilisation) et la fusion. L'option pour l'une ou l'autre des méthodes sera du ressort d'un comité qui sera créé ultérieurement entre responsables de l'ONA et ceux des ministères des Ressources en eaux et de l'Environnement. Les Coréens, qui prévoient la création de sept centres de recyclage, penchent pour l'incinération, probablement parce que la boue comporte beaucoup de métaux lourds mais aussi parce qu'elle « en réduit le volume ». En tout cas, « nous choisissons les techniques les plus rentables », précise Jung Chang Hwan. Les sous-produits issus de la valorisation (matière première), rappelle-t-on, peuvent être utilisés dans la production de ciment, des matériaux de construction, de combustible pour les centrales thermiques ou l'épandage agricole. Selon le directeur de l'assainissement et de la protection de l'environnement au ministère des Ressources en eau, Hocine Aït-Amara, une étude sur les normes réglementaires en usage, déjà commandée par le ministère, « sera finalisée d'ici à la fin de l'année en cours pour offrir un cadre réglementaire normalisé à cette activité ».