Le chef de mission d'appui de l'Organisation des Nations unies en Libye (Manul), Bernardo Léon, qui a rencontré, dimanche dernier, les membres du gouvernement dirigé par Abdallah al-Theni et du Parlement issu des élections du 25 juin 2014, soutenu par la communauté internationale, et deux jours plus tard, Nouri Abou Sahmein, le chef du Congrès général national, dominé par les islamistes, veut mettre fin à l'anarchie qui secoue le pays depuis la chute de Kadhafi en 2011 et la crise politique et institutionnelle qui s'est aggravée depuis la décision de la Cour constitutionnelle d'invalider le Parlement issu des élections de juin dernier. Comment ? En réunissant autour d'une même table les « acteurs politiques » des deux côtés pour un dialogue inclusif sans la participation des groupes terroristes. « La Manul poursuivra ses efforts pour aider les Libyens à relever les défis qui minent leur transition et à construire un Etat fort et moderne », dit-il avant de nuancer son engagement : « je ne peux accomplir ma mission sans l'appui fondamental de l'Algérie » qui a, dit-il, un « rôle vital » dans la résolution de ce dossier car elle privilégie le « dialogue politique » et est incontournable « en raison de ses dimensions arabe, régionale, africaine et internationale ». Mais en attendant cette solution promise au bout d'un dialogue entre « les modérés des deux côtés du conflit » qui tarde à s'instaurer, « l'Etat libyen est au bord de l'effondrement et d'une guerre civile ouverte », dixit le chef de la Manul qui ne sait quoi faire pour éloigner « les milices des villes et aéroports » et convaincre certaines d'entre elles à « renoncer à la violence » pour les convier au dialogue. Le gouvernement tend la main aux « islamistes » Abdellah al-Theni a déclaré fin octobre depuis Khartoum, la capitale soudanaise, qu'il est prêt à engager un dialogue avec les milices antigouvernementales afin de régler la crise dans ce pays « à condition qu'il y ait des concessions de la part de toutes les parties » et « les milices antigouvernementales livrent leurs armes ». Mohamed Dayri, son ministre des Affaires étrangères, a tenu les mêmes propos. « Les portes du dialogue sont ouvertes à toutes les forces et tous le hommes de bonne volonté, sans exclusive. » « Les islamistes ont leur place dans la nouvelle Libye, mais sur la base d'un engagement réel à construire un Etat de droit, ce qui suppose notamment le respect de l'autorité de l'armée et de la police nationales », dit-il, précisant que ces principes ne sont « pas négociables ». La réponse, probablement des islamistes à cette main tendue, ne s'est pas fait attendre. La violence a redoublé d'intensité. Notamment à Benghazi, Labrak et Tobrouk. Dernières en date, les deux explosions qui se sont produites jeudi près des ambassades d'Egypte et des Emirats arabes unis à Tripoli. Le Soudan s'invite dans la crise Le Soudan, autre voisin de la Libye, se met de la partie. Ali Karti, son ministre des Affaires étrangères, a rencontré, lundi dernier, en Libye, les différents acteurs de la crise. Objectif : rapprocher leurs positions dans la perspective d'un dialogue que Khartoum veut organiser. Mais en attendant ce « dialogue », le Soudan va organiser une réunion des ministres des Affaires étrangères des voisins de la Libye (Algérie, Egypte, Tunisie, Tchad et Niger), le 4 décembre à Khartoum. Le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al Arabi, et l'émissaire de cette organisation pour la Libye, Nasser al Qidwa, ont été également conviés. A en croire Sameh Choukri, le ministre égyptien des Affaires étrangères, qui insiste sur la tenue de consultations avant cette réunion pour « faire évoluer la situation, toutes les parties libyennes, y compris les groupes armés, ont accepté l'idée du dialogue ».