Khartoum se prépare au prochain rendez-vous des pays voisins de la Libye mobilisés pour trouver une issue négociée à la crise politique et sécuritaire aux conséquences incalculables pour le devenir libyen et la stabilité régionale. Une proposition soudanaise, discutée lors de la visite officielle de 3 jours entamée depuis lundi dernier par le Premier ministre, Abdallah al Thani, ambitionne de consolider le processus de négociations entre les parties en conflit. Khartoum met les bouchées doubles pour conforter les chances de réconciliation et de rétablissement de la paix en Libye. Lors des réunions mixtes, tenues entre le président Omar El Béchir et le Premier ministre libyen, Abdallah El Thani, l'urgence d'une solution politique a été réitérée. « Un plan clair », destiné à réunir « les différents groupes libyens », a été annoncé, lors d'une conférence de presse, par le ministre soudanais des Affaires étrangères, Ali Karti, et accepté par Abdallah al Thani. L'apport de Khartoum, parfaitement adapté à la dynamique régionale de règlement de la crise, se légitime par la prise de conscience du désastre libyen. « Très proche du point de non retour », a averti le représentant spécial des Nations unies, Bernardino Leon, affecté par l'espoir déçu de Ghadamès, une oasis du sud-ouest, abritant il y a deux semaines un dialogue lancé par la Manul (Mission des Nations unies en Libye). Pis, assure le représentant onusien, « le temps commence à manquer ». Aux antipodes de la transition tunisienne réussie, le cas libyen s'enlise dans le chaos institutionnel et sécuritaire. La poudrière libyenne inquiète fortement la communauté internationale. « Notre grave préoccupation porte, aujourd'hui, sur la situation sur le terrain à Benghazi (est) et Djebel Nefoussa (ouest) où le cessez-le-feu n'a pas été respecté », a déclaré Bernardino Leon, au cours d'une conférence de presse à Tripoli, pointant l'index sur la présence croissante de l'Etat islamique incarné par les drapeaux de l'EI flottant partout à Derna. Si la confrontation entre les Zentanis et les combattants de la coalition islamiste de « Fajr Libya » fait rage, depuis le 11 octobre, la reprise de l'offensive du général Khalifa Haftar exprime l'état déliquescent d'un pays livré à la folie destructrice des milices. Dans la journée du lundi à mardi, le siège de l'ambassade du Niger, établi par des « groupes de miliciens incontrôlés », jugé « gravissime et rarissime » par le ministère nigérien des Affaires étrangères, a renoué avec le syndrome de l'attaque de la représentation américaine. L'incident a vu aussi « l'encerclement et la séquestration du personnel diplomatique, y compris l'ambassadeur », a précisé à la presse Abani Sani Ibrahim, secrétaire général du ministère nigérien. Il est temps de stopper la dérive sanglante.