« L'exil forcé des chrétiens et d'autres groupes religieux ou ethniques est un crime que nous condamnons tous », ont déclaré ces responsables religieux, invités par l'université islamique d'Al Azhar. « Nous appelons nos concitoyens chrétiens à rester dans leur pays jusqu'à ce que disparaisse la vague de terrorisme dont nous souffrons tous », ont ajouté les dignitaires dans une déclaration commune à l'issue de la conférence. Le texte appelle notamment « les pays du monde » à ne pas faciliter cet exil en aidant ces groupes à immigrer sur leur territoire. « Tous les groupes armés et milices sectaires qui ont utilisé la violence et le terrorisme n'ont aucun lien avec le véritable islam », souligne le communiqué. La déclaration dénonce une interprétation « déformée » du djihad (guerre sainte), soulignant que ce concept signifie « la défense de soi et la réponse à une agression » et qu'il ne devrait pas être lancé « par n'importe quel individu ou groupe ». Les dignitaires ont également appelé à la tenue d'une « conférence de dialogue internationale pour collaborer à la construction de la paix et propager la justice ». « Je considère cette réunion comme une première initiative très positive », a estimé le patriarche copte catholique Ibrahim Sidrak. « Le monde arabe et musulman ne doit pas avoir peur de Daech », a soutenu, pour sa part, Grégoire III Laham, patriarche d'Antioche et de tout l'Orient, d'Alexandrie et d'Al Qods. « Nous sommes capables par notre union de les vaincre sur le plan sécuritaire et de mettre fin à leur idéologie dans le monde arabe et en Europe », a-t-il déclaré. Pour Patrick Karam, président de la Coordination des chrétiens d'Orient en danger, basée en France, la conférence d'Al Azhar est « un signal important pour ceux qui instrumentalisent l'islam ». « Il n'y a pas de terrorisme dans l'islam, il n'y a qu'une mauvaise interprétation de ses textes », a assuré Abdallah El Najjar, professeur de charia et de droit à Al Azhar. Le mufti jaafarite (chiite) libanais cheïkh Mohamed Ghaleb al-Esseili a relevé, quant à lui, que l'Etat doit jouer « un rôle essentiel » dans la lutte contre le terrorisme, soulignant que parmi ceux qui rejoignent les rangs djihadistes, « on trouve les pauvres et les sans-emploi ». « Le problème (du terrorisme) ne peut être résolu en un an ou deux. Mais il va falloir beaucoup de temps », a-t-il déclaré. Abdulla Waise, ouléma du Kurdistan, s'est lui, insurgé contre le « silence » de nombreuses « institutions religieuses » musulmanes « après les massacres commis par l'Etat islamique et l'afflux de 2 millions de réfugiés au Kurdistan ». « Pourquoi ne disent-elles rien ? », s'est-il demandé. Cette conférence intervient cinq jours après l'appel du pape François a tous les dirigeants musulmans à condamner clairement le « terrorisme » islamiste. Elle fait aussi suite à la lettre écrite fin septembre par plus de 120 savants musulmans du monde entier au calife autoproclamé du prétendu EIIL, Abu Bakr Al Baghdadi.