Les professionnels du monde des hydrocarbures et leurs partenaires se sont donné rendez-vous, aujourd'hui et demain, à l'hôtel Sheraton à Alger, pour débattre du pétrole et du gaz, dans le cadre d'un sommet nord-africain, premier du genre. 450 experts y sont attendus, représentant de grands groupes mondiaux, dont Shell, Repsol, ENI, Anadarko, Haliburton, Schlumberger, Baker Hughes... Organisée sous le parrainage du groupe Sonatrach, la rencontre abordera les questions de coopération Nord-Sud dans ce secteur mais aussi les foyers de tension qui risquent d'impacter la sérénité qui a prévalu jusque-là, à l'image de la situation d'instabilité et d'insécurité qui affecte la Libye. Les défis énergétiques dans le pourtour de la Méditerranée et les tendances mondiales du marché du pétrole et du gaz seront, en outre, les axes sur lesquels se développeront les discussions. De ce point de vue, le regroupement tombe à point nommé puisqu'il coïncide avec la mauvaise passe que traverse le pétrole, au plus bas de sa cote depuis 2010. La problématique sera au centre des débats, car elle en constitue le cœur de l'actualité. Les cours du pétrole continuent, en effet, leur baisse depuis le début du mois, faisant dégringoler le baril à moins de 66 dollars. La réunion de l'Opep de la semaine dernière n'a pas été d'un grand secours, l'organisation ayant maintenu inchangé ses objectifs de production (30 millions de barils par jour). Et ce, en dépit de la surabondance de l'offre sur le marché. Les prix de l'or noir subissaient également le renchérissement du dollar, qui a atteint des sommets depuis mi-août 2012 face à l'euro et, fin juillet 2007, face au yen. La hausse du billet vert décourage les investisseurs munis d'autres devises d'effectuer des achats de pétrole, libellés en dollar. La chute des prix du pétrole n'est pas, sans conséquences, également sur l'ensemble des matières premières. Un effet boule de neige qui bouleverse le marché des échanges dans ce domaine. Les experts préviennent que la tendance baissière du pétrole va déteindre sur le gaz. Selon le vice-président du Conseil national économique et social, Mustapha Mekidèche, « lorsque le pétrole a la grippe, le gaz tousse », pour mettre en relief les incertitudes des marchés mondiaux du gaz. L'ancien directeur général de Sonatrach et ex-ministre, Abdelmadjid Attar, abonde dans ce sens en estimant que dans un contexte où le prix du pétrole baisse, le prix du gaz va suivre incontestablement car le marché du gaz est indexé à celui du pétrole. L'avenir n'annonce pas de meilleures perspectives en raison de la série de bouleversements que ne manqueront pas d'induire la récession économique et les tensions géopolitiques régionales. Des données qui s'ajouteront à la masse des improbabilités qui planent sur le marché des hydrocarbures. L'arrivée des ressources non conventionnelles, notamment aux USA et au Canada, participe du changement de la donne énergétique mondiale. C'est à la lumière de cette conjoncture ultrasensible que la rencontre du Sheraton va s'ouvrir. Elle en détermine même son importance. Et la pertinence des avis autorisés qui y seront formulés.