«Des progrès restent à faire notamment, dans le domaine de l'application des lois », c'est ce qu'a déclaré hier la rapporteure spéciale des Nations unies sur la violence contre la femme, Mme Rashida Manjoo, lors d'une conférence de presse, tout en saluant l'adoption prochaine d'une loi relative à la prévention et la protection de la femme contre toute forme de violence. Comme elle a lancé un appel aux Algériens qui ont besoin de débattre des voies à adopter et à suivre pour contrecarrer cette violence. « La loi n'est pas une panacée mais peut servir pour préserver les personnes », observe-t-elle. La rapporteure a néanmoins estimé que d'une façon « générale l'Algérie a respecté ses engagements internationaux et mon invitation parmi les sept adressées aux détenteurs de mandats thématiques relevant du Conseil, dont celle relative à la liberté d'expression qui effectuera un déplacement en décembre atteste de la bonne volonté du gouvernement algérien». Elle a précisé que sa mission était «de voir la situation sur le terrain en prenant en compte les conséquences de la violence coloniale et du terrorisme, les conditions environnementales et sociétales et l'instrumentalisation de la religion à des fins politiques». Ce passé dira Mme Manjoo «est extrêmement douloureux mais il faut du recul pour créer une vie commune et c'est une question de temps ». La représentante des Nations unies, originaire de l'Afrique du Sud, a expliqué que la prévalence de la violence relevée lors de ses rencontres avec la société civile est d'ordre conjugal et lié au harcèlement sexuel. Cette forme de violence « n'a pas changé et reste identique aux remarques de précédent rapporteur des Nations unies Mme Yakin Ertürk à la suite d'une visite officielle en Algérie du 21 au 31 janvier 2007, à l'invitation du gouvernement algérien ». Le rapporteur spéciale des Nations Unies a durant son séjour rencontré des associations féminines « soit dans leurs sièges ou à l'hôtel où je réside afin de d'assurer la sécurité des victimes et respecter la confidentialité des entretiens et des informations communiquées», balayant d'un revers de main les allégations sur des entraves pour rencontrer la société civile. Mme Manjoo s'est ainsi déplacée à Hassi Messaoud où elle a eu des entretiens avec des associations. « En l'absence des victimes des incidents de Hassi Messaoud, nous avons eu des informations contradictoires. Ceci m'incite à poursuivre mon enquête afin d'avoir une information objective sur ce qui s'est passé», explique-t-elle. Dans ses notes au gouvernement algérien, Mme Manjoo met également l'accent sur la nécessité de hisser « le ministère délégué chargé de la Famille et de la condition féminine en un véritable ministère». Elle relève toutefois, que l'Algérie s'est distinguée dans plusieurs domaines et a accompli des progrès remarquables en ce qui concerne l'accès à l'éducation au profit de la femme.