Avec la saison hivernale et la chute des températures, il est fréquent de trouver des personnes emmitouflées dans des couvertures et dormant sur des cartons, sous les arcades des immeubles de la capitale. Comme à leur habitude, les bénévoles du Croissant-Rouge algérien viennent à leur secours en leur offrant un repas chaud, des vêtements et des couvertures. Mais est-ce suffisant ? Non, dira Mme Saida Benhabylès, présidente du CRA. Pour elle, le mot SDF est étranger à notre culture et à nos valeurs ancestrales. Une personne qui se retrouve à la rue est un concours de circonstances qu'il faut comprendre et décortiquer. « Pourquoi pas une journée d'étude consacrée à la compréhension du phénomène SDF », dira-t-elle. Et cela n'est possible qu'avec la conjugaison des efforts. Elle cite la société civile, les ministères de la Solidarité, des Affaires religieuses pour renforcer en amont et en aval la politique de l'Etat en faveur des personnes vulnérables, dont les SDF. Pour Mme Benhabylès, il est important de rapprocher le SDF de sa famille et ne pas encourager l'assistanat. La rue est source de danger, notamment pour les femmes et les mineurs. « Des solutions pour chaque cas doivent être trouvées pour éviter d'autres problèmes qui viennent s'y greffer », a-t-elle indiqué. Un SDF malade doit être transporté et soigné dans un hôpital. « Une fois guéri, il doit être pris en charge par un psychologue ou un sociologue pour comprendre ce qui l'a amené à être dans la rue », a-t-elle expliqué. Récemment, les équipes du CRA ont placé une maman avec ses enfants à Diar Errahma de Birkhadem après que cette famille a bénéficié d'un repas chaud, de vêtements et de couvertures. Mais l'idéal pour la présidente du CRA est de trouver une solution définitive à cette petite famille, car Diar Errahma ne doit pas constituer l'ultime étape pour la soustraire de la rue et de ses dangers. Mme Benhabylès souhaite qu'on renoue avec nos traditions et nos valeurs ancestrales qui consistent à nous occuper des personnes âgées et de ne pas les jeter à la rue, une fois malades incurables ou impotentes. « Un foyer qui compte parmi les membres qui le composent une personne âgée est béni », dira-t-elle. Même les jeunes filles qui ont « fauté » doivent être protégées et non vouées aux gémonies. Le « pardon » est l'essence même de notre religion. A propos des mineurs qui se retrouvent dans la rue, Mme Benhabylès propose une prise en charge dans des centres spécialisés en attendant que le contact soit établi avec la famille du concerné. En fait, la présidente du CRA propose de renforcer la solidarité à tous les niveaux. Pour elle, notre éducation, notre religion et notre culture ne nous permettent pas d'être insensibles à la détresse des personnes vulnérables.