La Russie balise le dialogue intersyrien qu'elle compte abriter à Moscou entre le 26 et le 29 janvier. Elle a lancé 28 invitations aux opposants au régime. Le chef de la coalition de l'opposition, Hadi al-Bahra, et deux de ses prédécesseurs, Moaz al-Khatib et Abdel Basset Sida, figurent parmi les personnes invitées. La liste comprend également des membres de l'opposition de l'intérieur, dont Hassan Abdel Aazim, Aref Dalila et Fateh Jamous. Qadri Jamil, un ancien vice-premier ministre syrien, démis de ses fonctions en 2013, est lui aussi invité à cette rencontre. La source, qui a requis l'anonymat, n'a pas précisé si les intéressés avaient accepté l'invitation. Selon Hadi al-Bahra, des réunions entre opposants de l'intérieur et en exil sont en cours au Caire pour tenter de trouver une issue consensuelle à Moscou. En cas de succès, des représentants du gouvernement syrien se joindront à eux dans la capitale russe pour qu'un dialogue soit lancé entre les deux parties le 26 janvier prochain. Damas a donné, la semaine passée, son accord pour une rencontre préliminaire et consultative. Selon le chef du parti de l'opposition syrienne, Syria Al-Watan Majid Niaz, cette rencontre pourrait se tenir le 22 janvier. Staffan de Mistura, le représentant spécial des Nations unies et de la Ligue arabe pour la Syrie, se fera représenter lors de ces discussions. « Toute initiative visant à aller vers une issue et vers la paix en Syrie est la bienvenue », affirme sa porte-parole, Juliette Touma. Les pays « amis » de l'opposition ou alliés de Damas ne sont pas conviés à Moscou. « Il s'agit d'une initiative russe qui se concentre sur les négociations intra-syriennes », explique Mme Touman. Les Russes, qui ont arraché en novembre aux Syriens un accord sur la reprise des discussions, souhaitent que celles-ci se déroulent en dehors de tout cadre multilatéral. Les conférences, organisées par l'ONU en 2012 et 2014 à Genève en présence des alliés des deux parties, avaient échoué. Le conflit syrien a fait plus de 200.000 morts depuis mars 2011 et avec la montée en puissance des groupes extrémistes, en particulier l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL, Daech), 2014 a été l'année la plus meurtrière. Selon un bilan publié jeudi dernier par l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), plus de 76.000 personnes sont mortes en 2014, contre plus de 73.000 en 2013 et près de 50.000 en 2012. Parmi les 17.790 civils tués, figurent 3.501 enfants, selon cette ONG basée à Londres et qui dispose d'un large réseau de sources civiles, médicales et militaires à travers la Syrie. S'ajoutent 15.747 rebelles et 16.979 islamistes dont une majorité d'étrangers. 12.861 soldats et 9.766 miliciens ont péri. 2.167 miliciens étrangers, dont 345 non identifiés, sont morts, ajoute l'OSDH, précisant que son bilan n'inclut pas les milliers de personnes portées disparues. Malgré ce conflit meurtrier et dévastateur, la Syrie — soutenue par la Russie, l'Iran et le Hezbollah libanais — a tenu bon et l'Occident, qui critiquait son régime, s'est joint à elle en 2014 dans sa guerre contre le terrorisme. Sans coopérer dans leurs actions avec Damas, les Etats-Unis et leurs alliés mènent depuis septembre dernier des raids contre les extrémistes et ne se sont pas opposés au projet russe de dialogue qui les a pris de court.