L'Algérie a décidé de mettre de l'ordre dans son commerce extérieur en envisageant de rétablir les autorisations d'importation. Une mesure qui intervient dans un contexte de crise, où les recettes en devises risquent de se rétrécir comme peau de chagrin avec en parallèle des importations en hausse. Même si le pays a toujours su faire, en période de vaches maigres, face aux chocs extérieurs en appelant à la rescousse les avoirs détenus dans le Fonds de régulation des recettes et grâce aux devises engrangées dans son matelas de réserves de change, force est de constater qu'on ne pouvait continuer indéfiniment dans les importations superflues d'autant que le produit national peut aujourd'hui aisément se substituer à l'importation. C'est ce qu'avait d'ailleurs défendu l'UGTA qui a fait de la promotion du produit national, créateur d'emploi, son cheval de bataille. Son SG, Abdelmadjid Sidi Saïd, on s'en souvient, avait bataillé pour que l'économie nationale soit protégée de la concurrence sauvage de certaines importations jugées parasitaires. Il avait appelé à l'institutionnalisation d'« autorisations d'importation » et ce pour mieux réguler le volume d'importation et préserver notre balance des paiements. Les opérateurs économiques ont à plusieurs reprises dénoncé, eux aussi, l'économie de bazar qui s'est installée dans notre pays, à la faveur de la libéralisation du commerce extérieur et qui décourage les vrais investisseurs. Les importations, produits et services confondus, ont atteint les 70 milliards de dollars en 2014 pour moins de 60 milliards d'exportations dont 98% d'hydrocarbures. « Le déséquilibre risque de se creuser davantage en 2015 si le marché pétrolier persiste dans cette dérive », mettent en garde les économistes. Selon Mebtoul, économiste, qui nous a envoyé une longue intervention sur le sujet, les autorisations en question ne sont pas incompatibles avec les règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) qui prévoient des autorisations directes et indirectes. Ce dernier est conforté dans son analyse par de récentes déclarations du ministre du Commerce, Amara Benyounès, qui a déclaré, en septembre dernier, que la loi sur l'importation et l'exportation datant de 2003 sera revue. Les amendements prévoient la restauration d'autorisations d'importation pour protéger certains produits stratégiques. Le gouvernement devra, dit-il, « introduire des licences d'importation automatiques et non automatiques » qui vont ainsi « constituer un outil législatif qui permettra de protéger certains produits stratégiques ». Elles seront de nature à « réduire le niveau des importations et les transferts de la devise vers l'étranger ». Pour Benyounès, la mesure en question « ne sera pas en contradiction avec les engagements pris par l'Algérie avec ses partenaires étrangers, notamment l'Organisation mondiale du commerce ». Selon un syndicaliste, la protection de l'économie nationale pourrait s'inspirer des pratiques qu'on a déjà instaurées dans le domaine du médicament, où pour réduire la facture et protéger le produit national de la concurrence étrangère, plus de 430 médicaments avaient été interdits d'importation en octobre 2008 pour voir cette liste doubler l'année suivante. Plusieurs mesures avaient été aussi introduites ces dernières années soumettant, ou prohibant, certains produits à l'import, à l'image de la loi de finances pour 2009 qui a interdit l'importation de produits pour la revente en l'état, ou encore dans le domaine des mines où des produits sont soumis à l'autorisation préalable comme l'éthylène, le benzène, le toluène où il faut l'autorisation du ministère des Mines. Pour d'autres, on a exigé des licences conjointes commerce, environnement et ministère concerné, etc.