Les droits de la femme et la protection de la femme et de l'enfant, les événements enregistrés dans le sud du pays, plus précisément à Ghardaïa, durant l'année écoulée et l'exploitation du gaz de schiste sont autant de questions traitées dans le rapport 2014 de la CNCPPDH. « Je suis ni pour ni contre l'exploitation du gaz de schiste. Il faut attendre l'avis des experts », a indiqué Me Ksentini. Selon lui, la question qui se pose est faut-il investir dans l'énergie solaire plutôt que dans le gaz de schiste ? « Il faut aussi dialoguer avec les citoyens inquiets », a-t-il déclaré, insistant sur l'avis autorisé des experts qui sont les « seuls habilités à décider de l'exploitation ou non de ce gaz ». Il faudra donc « engager un débat démocratique » sur le sujet « dès lors que l'opinion publique est alertée », et ce, de façon à se faire une « idée juste » sur la question. Me Ksentini a affirmé que le rapport de 2014 évoque une question qui engage l'avenir du pays, à savoir l'exploitation du gaz de schiste. Concernant la situation des droits de l'Homme en 2014, le président de la CNCPPDH, tout en réaffirmant que les rapports de son instance ne sont guère complaisants, a relevé « une modeste amélioration ». Il a précisé, néanmoins, que ce rapport insiste notamment sur le droit à la production. « Le citoyen algérien doit être mis par l'Etat en état de produire. C'est-à-dire pouvoir activer et créer des petites et moyennes entreprises qui seront créatrices d'emploi et de richesse. Il faut que l'Etat reconnaisse aux citoyens ce droit. Il faut également se débarrasser de la bureaucratie qui est un obstacle majeur au développement », a-t-il recommandé notamment avec la chute « inquiétante » des prix du pétrole. Me Ksentini est convaincu de la nécessité de diminuer la facture des importations des produits alimentaires qui est énorme, puisqu'elle avoisine les 60 milliards de dinars chaque année. Au plan politique, il a jugé important d'arriver à une Constitution consensuelle qui traduirait l'adhésion de la majorité des compatriotes de façon à ce qu'elle puisse être « pérenne ». « Si l'opposition ne veut pas adhérer à ce projet, ce qui est de son droit, rien ne nous empêche de prendre en compte ses propositions », a-t-il souligné, et de plaider pour « le changement de tout le logiciel de la justice ». Selon lui, il faut changer les textes, les mentalités et améliorer surtout la formation des magistrats et des avocats. En somme, « il faut que la justice soit à la hauteur de sa mission et ne pas se contenter d'expédier les affaires dans le cadre d'une justice purement industrielle. L'espace judiciaire de notre pays n'est pas sécurisé. La justice ne joue pas son rôle et tout le monde est dans l'insécurité aussi bien sur le plan personnel que des libertés individuelles ou patrimoniales parce que la justice est défaillante. D'où le besoin de la changer en améliorant surtout les textes qui connaissent une régression très importante », conclut Me Ksentini.