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Ksentini juge «insuffisants» les efforts consentis pour établir la démocratie Il demande dans son rapport annuel qu'elle soit «améliorée et approfondie»
Photo : Riad Par Hasna Yacoub Le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme (CNCPPDH), Me Farouk Ksentini, a, dans son rapport annuel sur la situation des droits de l'Homme en Algérie, insisté sur la nécessité d'approfondir la démocratie, car pour lui, «il ne suffit pas de proclamer la démocratie dans les textes, mais il faut que la population la ressente dans la pratique quotidienne». L'avocat juge «insuffisants» les efforts consentis pour une démocratie qui demande à être «améliorée et approfondie». Le plus important en démocratie, pour la CNCPPDH, ce sont des élections «totalement libres et transparentes, de manière à les rendre indiscutables aux yeux de l'opposition». «C'est à partir de là que les choses changeront vers plus de démocratie», estime Me Ksentini. «Cela me chagrine de voir que l'Etat diabolise l'opposition et que l'opposition diabolise l'Etat, alors que les deux parties devraient travailler pour l'amélioration de la pratique démocratique», a commenté Me Ksentini dans un entretien à l'APS. Il a également regretté qu'une partie de l'opposition ait «refusé» de prendre part aux consultations sur les réformes politiques qui se sont déroulées au mois de juin dernier. «Je ne porte aucun jugement sur les motifs des partis d'opposition. J'aurais préféré qu'ils se présentent, s'expriment, fassent des propositions, et défendent leurs points de vue tout en essayant de les imposer», a dit Me Ksentini.Le président de la CNCPPDH n'a pas manqué dans son rapport d'interpeller une nouvelle fois le chef de l'Etat sur la détention préventive et l'usage «abusif et systématique» qui en est fait. Me Ksentini estime que la détention préventive est une «grande faiblesse de notre système judiciaire». Pour Me Ksentini, le taux des personnes concernées par la détention préventive est beaucoup plus élevé que le 11% avancé par le ministère de la Justice. Il représente «au moins le tiers» des prisonniers dont le nombre s'élève à environ 56 000 détenus. «Nous n'avons pas les mêmes critères sur la détention préventive», explique l'avocat. «La loi considère en état de détention préventive toute personne qui n'est pas définitivement condamnée, alors que le ministère de la Justice considère en état de détention préventive uniquement les personnes placées en détention préventive par le juge d'instruction», poursuit Me Ksentini tout en insistant : «La loi nous permet de nous débarrasser de cet abus et ce n'est qu'à ce moment-là que la justice peut se targuer d'être irréprochable.» Par ailleurs, le président de la CNCPPDH a souligné avoir interpellé le président de la République sur d'autres sujets, notamment la réconciliation nationale, la liberté de la presse et la liberté d'opinion et de culte. Au volet de la réconciliation nationale, l'avocat pense qu'il y a des «dispositions complémentaires» à prendre, parce que pour lui il y a «des oubliés» de cette réconciliation, tels que «les internés du sud qui n'ont pas été indemnisés et qui devraient être réhabilités moralement». Il propose aussi d'accorder un statut aux familles des disparus et aux familles des victimes du terrorisme. Au sujet de la presse, Me Ksentini se déclare pour sa «liberté totale». A son avis, la situation de la presse s'est «indiscutablement améliorée», mais il estime «grotesque», «moyenâgeux» et «inadmissible» de mettre un journaliste en prison pour ses écrits. Enfin, Me Ksentini a précisé que le rapport, transmis au président Abdelaziz Bouteflika, fait état aussi du «malaise social» dans le pays, de la souffrance de la jeunesse «marginalisée» et «désespérée» de trouver un logement ou du travail, et aborde le phénomène des «harraga» et la question des droits sociaux.