L'illustre pianiste italien, Christian Leotta, donnera, demain, un concert à l'auditorium de la radio Aïssa-Messaoudi, Alger, et aujourd'hui un master class au profit des étudiants de l'Institut national supérieur de la musique. Assez discret, il répond quand même à nos questions. Vous êtes le premier pianiste à exécuter un cycle complet des 32 sonates de Beethoven. Quel est votre programme à Alger ? Tout d'abord, je viens d'animer une série de concerts en Amérique latine (14 concerts), au Canada et, dernièrement, en Asie (Inde, Chine, Japon). J'ai, en effet, tracé un programme spécial pour Alger. J'y donne deux spectacles. Je remercie les responsables de la radio nationale d'avoir mis à notre disposition l'auditorium. C'est une grande opportunité d'interpréter une des plus grandes musiques du grand compositeur Beethoven. Je vais interpréter le plus grand corpus qui n'a jamais été écrit auparavant, à savoir les sonates de Beethoven. Il s'agit de seize heures de musique pour l'ensemble du corpus que le grand compositeur allemand a écrit pendant toute sa vie. Ce corpus résume la plus grande partie de l'histoire de la musique, surtout ce passage du classicisme au romantisme. C'est votre seconde visite en Algérie ? C'est toujours un plaisir de revenir à Alger. Un très beau pays. Des gens aimables et accueillants. Je suis très heureux d'y revenir . J'ai gardé un excellent souvenir de mon dernier concert donné en 2012. J'ai adoré l'espace de l'auditorium de la radio, le public est très accueillant. En bref, toutes les conditions étaient réunies pour réussir un bon concert. Pourquoi Beethoven ? La merveilleuse musique qu'il compose lui vaut respect et admiration. Beethoven change une note ici, en répète une là, en allonge une autre. Il ne s'arrête que lorsque la mélodie lui semble parfaite. La création est toujours une œuvre de labeur, mais elle peut aussi être source de réconfort. Beethoven était le plus grand révolutionnaire de la musique parce que c'était un grand connaisseur de la musique. Il anticipait la musique contemporaine. Il était non seulement un révolutionnaire de la musique classique mais aussi le précurseur du futur. Je suis fasciné et habité par la technique prodigieuse utilisée pour mieux exprimer la poésie de la musique exécutée. Depuis mon jeune âge, Beethoven a été mon modèle. J'ai accompli des études et des applications pour arriver à interpréter, le plus fidèlement possible, les compositions du pionnier de la musique classique, Beethoven. A vrai dire, je me sens connecté à l'âme du compositeur. Beethoven me donne de nouvelles idées chaque fois que je joue sa musique. Avez-vous choisi d'être pianiste ? Lorsque j'étais enfant, je ne rêvais pas d'être pianiste mais plutôt d'être directeur d'un orchestre. Le destin en a voulu autrement. Mon rapport avec le piano est venu de manière spontanée car il est un instrument de base pour étudier. Lorsque j'avais neuf ans, j'ai remporté mon premier concours en Italie. Et cela m'a fait comprendre que le piano, c'était mon avenir. Aujourd'hui, je suis fier d'avoir excellé dans cette voie qui m'a permis de découvrir un monde musical féerique. Le piano est l'instrument le plus représentatif de la période romantique. Il est de plus en plus joué dans les familles et de nombreuses transcriptions sont réalisées pour être jouées en privé. On dit souvent que vous êtes un interprète distingué du répertoire de Beethoven. Partagez-vous cet avis ? Ludwig van Beethoven vivait à l'époque de la révolution française et des guerres napoléoniennes. C'est un temps de grands bouleversements sociaux et politiques en Europe et dans le reste du monde. Sa musique reflète tous ces changements. De mon côté, j'essaie d'être fidèle le plus possible à sa musique. Il mérite un engagement de retour. Quelle est votre particularité ? On dit souvent que mes performances résident dans ma compréhension formelle et extraordinaire qui caractérise la musique de Beethoven. On dit aussi que ma technique sert à exprimer de la meilleure façon la poésie de la musique de Beethoven. Vous êtes constamment en tournée, vous rayonnez partout dans le monde, comment faites-vous pour concilier vie professionnelle et vie personnelle ? C'est très difficile de concilier boulot et vie privée surtout lorsqu'on passe les trois quarts de son temps à travailler. La vie d'un artiste ne peut pas s'appliquer à tout le monde. C'est à dire qu' il y a des paramètres qui nous empêchent de vivre normalement. Cela dit, la musique nous offre des palliatifs, donne un apaisement afin de surmonter les moments difficiles. Avez-vous des projets de disques ? Au début de ma carrière, j'ai sorti des disques. Puis, j'ai trouvé mon aise à étudier l'œuvre de Beethoven. Je compte donner d'autres concerts à Milan, en Afrique du Sud et dans d'autres pays où ma mission majeure est de promouvoir et diffuser l'œuvre de Beethoven.