Les déclarations de Jean-Pierre Raffarin se sont voulues rassurantes dès son arrivée hier à Alger. L'ancien Premier ministre de Chirac, envoyé spécial du président Sarkozy, a délivré un message optimiste. Il a insisté sur le caractère éminemment économique de sa mission d'une journée. «Je souhaite faire un travail en profondeur, bien cadré par la lettre de mission que m'a proposée le président Sarkozy, c'est à dire des dossiers économiques qu'il faut faire avancer», a-t-il dit. Ces nouvelles ambitions se dessinent dans un cadre de respect mutuel et témoignent d'un net réchauffement des relations dont le président Bouteflika lui-même avait dit le 18 novembre dernier «qu'elles se portent bien». «Je viens écouter les autorités algériennes pour respecter les orientations législatives qui sont les leurs, pour renforcer la coopération économique». Le ton de M. Raffarin est net. «La France veut développer un partenariat industriel gagnant-gagnant avec l'Algérie dans le cadre de ses nouvelles mesures d'investissement». «Nous voulons préparer l'avenir où chacun trouvera son propre intérêt», a-t-il poursuivi. Des discussions autour de plusieurs projets industriels importants et communs que comptent lancer ensemble les entreprises des deux pays seront au centre des rencontres avec les dirigeants algériens. La première entreprise à s'insérer dans cette nouvelle voie qui privilégie le concret est le constructeur automobile Renault». «Il revient avec de nouvelles propositions et va s'impliquer dans notre pays avec des investissements directs», a affirmé le ministre de l'Industrie et de la Promotion de l'investissement, Benmeradi. «Les détails de l'investissement ne sont pas encore arrêtés, dira-t-il, mais le principe retenu lors des discussions est d'arriver à produire 75.000 véhicules particuliers par an pour trois ou quatre modèles». Les discussions portent sur «la création dans une première étape d'une usine de montage sur le site de la SNVI à Rouïba, suivie dans une seconde étape par la fabrication de véhicules avec un taux d'intégration de l'industrie nationale de 40% étalée sur quatre ans», a révélé le ministre. Toutefois, l'aboutissement est conditionné par l'avancée des négociations. «Le dossier avance bien, il y a eu des contacts importants et Renault a redimensionné son projet et redéfini un certain nombre de caractéristiques», s'est contenté de dire M. Raffarin. L'un et l'autre ont mis en exergue les bons auspices des discussions bilatérales. «Il y a de la bonne volonté de part et d'autre et une volonté pragmatique pour préparer l'avenir dans des secteurs comme les assurances, la pharmacie, le transport, les mines et l'énergie», selon M. Raffarin. «Plusieurs dossiers de partenariat avancent bien et il y a d'autres sur lesquels nous voulons étudier les convergences de stratégie entre les gouvernements et les entreprises». En écho, M. Benmeradi a souligné que la visite «représente une occasion pour donner un nouveau souffle au partenariat algéro-français». D'un côté comme de l'autre, on semble décidé à hisser les investissements français à un niveau plus important. L'interlocuteur de M. Raffarin à Alger, traduisant le sentiment partagé par les responsables algériens, ne s'en cache pas». Compte tenu des liens qui nous rassemblent et des avantages comparatifs, nous estimons que la France devrait avoir une place plus importante dans notre économie», a-t-il dit.