Déception La débâcle subie par la droite française n?a finalement pas suscité le déclic attendu par les Français. «Le signe de changement que les Français attendaient n'est pas au rendez-vous», a assené le leader de l'UDF, François Bayrou. Pour le porte-parole du Parti socialiste (PS) français, Julien Dray, il s'agit d'un «gouvernement sans souffle qui va s'occuper de l'UMP (parti du président) et de Jacques Chirac.» Insistant sur le «caractère provisoire» de ce gouvernement, M. Dray a déclaré que c'était «un gouvernement en mission d'intérim». «Le gouvernement Raffarin III est usé avant l'heure», a-t-il affirmé, en estimant que «la même politique sera appliquée, celle-là même qui a été condamnée les 21 et 28 mars». Ce qui signifie que la déception est totale au sein du Parti socialiste français qui s?attendait à ce que les résultats des dernières élections provoquent un changement total dans la politique de Jacques Chirac. Par ailleurs, le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, à peine reconduit, doit s'atteler à une série de dossiers explosifs alors que son autorité sur la majorité et sa crédibilité ont été sérieusement entamées par la débâcle sans précédent de la droite aux régionales. En sursis jusqu'aux européennes de juin, selon les observateurs, le nouveau gouvernement formé pour tenter de répondre au vote-sanction des élections régionales, a été élargi à de nouveaux poids-lourds et à de jeunes parlementaires tous issus de l'UMP, le parti du président. Mais il ne comporte pratiquement plus aucun représentant de la société civile. Les marges de man?uvre du Premier ministre et sa capacité d?impulser un «nouvel élan» risquent de s'amenuiser et les syndicats mettent déjà en garde contre des «conflits majeurs» si le gouvernement ne change pas de cap. Jean-Pierre pourrait, en effet, être pris en étau entre l'ancien ministre de l'Intérieur, l'ambitieux Nicolas Sarkozy, désormais ministre de l'Economie, et Dominique de Villepin, passé des Affaires étrangères à l'Intérieur et qui est considéré comme un proche du président Jacques Chirac. Si Sarkozy n?a pas succédé à Raffarin, il demeure le numéro 2 du gouvernement. Sa tâche au ministère de l'Economie ne sera pas facile alors que la France connaît une période de ralentissement et une augmentation sensible du chômage. Mais celle de Jean-Pierre Raffarin, «en sursis» selon certains commentateurs, le sera encore plus. Et en cas d'échec Nicolas Sarkozy qui vise déjà la présidentielle de 2007, pourrait de nouveau apparaître comme l'ultime recours. Pour tout dire, Raffarin se retrouve affaibli dans son propre camp par le désastre électoral des régionales alors que sa cote de popularité s'est effondrée et plafonne actuellement aux alentours de 35%.