Les fondations laminées du compromis alibi ont remisé au placard de l'histoire la recette désuète de la coexistence pacifique des deux Etats, morte et enterrée sous les coups de boutoir de l'Etat voyou du Proche-Orient coupable des assassinats politiques en série et des crimes de guerre à répétition. Assiégé dans la Moukataâ, le vieux combattant Abou Amar, signataire d'Oslo, en est la victime emblématique. Deux décennies plus tard, l'Etat membre observateur de l'Onu a rompu avec l'espoir de paix déçu, écrasé sous le poids du chantage et de l'indifférence de la communauté internationale. Au comble de l'ironie, l'Autorité palestinienne se voit condamnée par un tribunal de New York à verser plus de 650 millions de dollars de dédommagement aux familles des victimes d'attentats perpétrés durant la deuxième Intifada (2000 à 2005). Mais dans cette justice à double vitesse, la seule évocation de la saisine de la CPI (Cour pénale internationale) par les Palestiniens, à partir du 1er avril, est vécue comme une grave offense par Israël. Face à cette impasse, aggravée par la suspension du paiement des taxes (un demi-milliard de dollars) dues à l'Autorité palestinienne, le constat de faillite impose une révision des relations avec Israël et la dissolution d'une institution au double paradoxe : légitime au plan international et vidé de toute substance à l'intérieur. Au cours de leur réunion de deux jours à Ramallah, siège de l'Autorité en Cisjordanie occupée, les 130 membres du Conseil central de l'OLP devront débattre, dès aujourd'hui, de la crise politico-financière que traverse l'Autorité menacée de dissolution. « L'Autorité ne peut plus perdurer sous sa forme actuelle sans aucune souveraineté véritable sur son territoire sur lequel Israël continue à imposer comme des faits accomplis le morcellement des terres, la colonisation et les attaques contre des villes », prévient Mohammed Shtayyeh, membre de la direction du Fatah, principale force de l'OLP. L'issue chaotique, fortement redoutée par Washington, mettrait Tel-Aviv au pied du mur, s'agissant notamment de la responsabilité de la puissance occupante dans la gestion des « territoires occupés ». Outre le fonctionnement des services publics nécessaires aux 4 millions de Palestiniens, il est également question de la « coopération sécuritaire » dévolue à Israël. Le démantèlement de l'Autorité, prévu avant la fin de l'année, selon le ministre palestinien des Affaires religieuses, Mahmoud al-Habas, mettrait effectivement le « gouvernement palestinien sous occupation ». Oslo aura donc vécu. « Nous sommes un gouvernement qui ne peut gouverner », martèle Mahmoud al-Habash, dans une interview au quotidien israélien Haaretz. « L'Autorité palestinienne n'a aucun problème à donner les clés à Israël, à le laisser superviser l'administration des affaires civiles des Palestiniens, afin qu'il assume seul la responsabilité de l'échec du processus de paix », renchérit le ministre. Au journal égyptien Al Masry al-Youm, le président Mahmoud Abbas a même évoqué le « passage du flambeau » à la nouvelle génération qui « voit la solution à deux Etats s'éloigner, et comprend qu'elle ne peut échapper à une solution à un Etat ». Tel-Aviv piégé par le devoir de légalité et de paix d'Oslo.