La dinanderie, l'une des toutes dernières activités artisanales encore en vie dans la ville de Constantine, retient l'attention de l'Organisation des Nations unies pour le développement industriel, (Onudi). A la salle des conférences, la cérémonie du lancement du projet « Développement des clusters dans les industries culturelles et créatives dans le sud de la Méditerranée », lancée mercredi dernier, a accueilli une centaine de dinandiers de la ville de Constantine. Ce programme d'accompagnement, financé par l'Union européenne à hauteur de 5,6 millions d'euros, s'inscrit dans le cadre de développement des clusters dans sept pays sud-méditerranéens. Ainsi, aux côtés de l'Egypte, la Jordanie, le Liban, le Maroc, la Palestine et la Tunisie, l'Algérie sera représentée par Batna, pour les bijoutiers, et Constantine, pour la dinanderie. Le principe est simple : rencontrer les artisans et discuter de leurs préoccupations avant d'arrêter un programme d'appui qui s'étendra sur trois années. Mohamed Gouidmi, consultant auprès de l'Onudi, dira à ce sujet : « Le programme s'adresse aux professionnels industriels de l'artisanat. Le programme s'étale sur trois ans, jusqu'en 2017, en collaboration avec le ministère de l'Industrie et la Chambre des artisanats. Dans un premier temps, nous allons rencontrer durant trois mois les artisans pour essayer de déceler leurs problèmes et leurs besoins, et établir ainsi un diagnostic sur leurs conditions de travail. Un grand designer italien viendra ensuite apporter son savoir-faire dans l'amélioration de la qualité et de la précision du dessin. D'autres experts viendront aussi. La première réunion de travail se fera en avril prochain, et à partir du mois de juin, il y aura des stages pratiques permettant d'enrichir l'activité, avec à la clé des formations et des voyages d'études à l'étranger. Une fois la formation terminée, fin 2017, et en collaboration avec les partenaires locaux, comme le ministère de l'Industrie, nous verrons comment concrétiser ce projet sur le terrain et l'élargir à d'autres activités. » Pour sa part, le représentant du ministère de l'Industrie et des Mines, Abdallah Telaïlia, responsable du comité de pilotage du projet pour l'Algérie, considère que cette initiative est une aubaine pour les dinandiers de Constantine et les bijoutiers de Batna : « C'est une formation ouverte à tous les artisans, c'est-à-dire ceux ayant ou pas une carte professionnelle. Le but est de recenser le nombre exact des dinandiers dans la ville de Constantine et leur permettre de suivre un accompagnement de qualité. Le financement de l'opération est assuré par l'UE et l'Italie, et il faut savoir que les artisans ne recevront pas une aide financière directe mais plutôt une assistance technique et de qualité qui leur ouvrira la voie à des échanges internationaux et à une professionnalisation de leur métier. » Les quelque 120 dinandiers présents lors de cette rencontre ont profité de la présence des représentants des ministères et de la délégation européenne pour discuter de la précarité de leur métier avec la dégradation de leurs locaux dans le quartier du Bardo, la cherté de la matière première, ou encore la concurrence déloyale des importateurs.