L'avenir de la dinanderie, cet art ancestral particulier à la ville des Ponts, est incertain. C'est ce que nous ont confirmé, hier, plusieurs dinandiers qui exposent leurs produits du 1er au 7 du mois en cours, au 12ème salon national de la dinanderie abrité par des chapiteaux implantés à la place 1er Mai (à proximité du jardin public Djamel Bennacer). Outre Constantine, 22 autres wilayas y participent à l'exemple d'Alger, Tlemcen, Boumerdès, Sétif, Batna et Tamanrasset. Les 27 artisans activant à l'avenue Rahmani Achour (Bardo) ne savent plus à quel saint se vouer. Ils veulent savoir pourquoi le projet du «village de l'artisanat», décidé il y a plusieurs années par les autorités locales pour la promotion de l'activité artisanale, tarde à voir le jour. «Ce projet ancien, dont parlent toujours des responsables, n'arrive pas à être concrétisé. Entre-temps, nous sommes dans le désarroi, il n'y a aucune vision claire pour l'avenir de la dinanderie à Constantine», commente le président de l'association des dinandiers de Constantine, El Hacen Boudinar. Ce dernier nous informe que les ateliers de Bardo, qui existent, selon lui, depuis 1930, ne répondent plus aux besoins du dinandier, et encore moins à ceux du client. «Nous travaillons, dit-il, dans des conditions difficiles, les lieux sont étroits, il n'y a pas d'eau potable, ce qui mène au manque d'hygiène ; ce n'est pas normal que ces lieux visités annuellement par des milliers de touristes, des Américains, des Iraniens, des Hindous, etc., soient dans un tel état de dégradation. Aucune initiative n'a été prise jusque-là pour leur réhabilitation». Le président de la Chambre de l'artisanat et des métiers de Constantine (CAM) Nasredine Benarab, nous a affirmé que l'attribution de locaux au profit des 500 dinandiers que compte la ville du Vieux Rocher dépend uniquement des instances de la wilaya, lesquelles, selon lui, «n'ont pas tranché dans cette affaire». Il a, par ailleurs, rappelé que le cahier des charges portant sur les normes d'exigence issues de l'expérience de la labellisation de la dinanderie de Constantine se trouve actuellement entre les mains des spécialistes du label pour approbation. Notons que la tenue du salon en plein air cette année (habituellement abrité par le palais de la culture Malek Haddad) a concouru à son succès. Du moins, le premier jour a connu déjà une grande affluence. Plusieurs visiteurs nous ont fait part de leur grande satisfaction. Les produits exposés varient entre plateaux ciselés, de différentes tailles et formes, ustensiles de cuisine et de décoration et autres tableaux représentant en relief des traditions constantinoises. Les prix affichés ne sont malheureusement pas à la portée de tout le monde. A titre d'exemple, un plateau en cuivre de 1m de diamètre, de bonne qualité, coûte entre 25 000 et 30 000 DA.