Un troisième suspect dans l'attentat du Bardo est en fuite. L'ombre pesante des 3.000 Tunisiens partis guerroyer en Syrie et « revenus plus aguerris, mieux formés et capables d'opération comme celle du 18 mars », à l'image des deux assaillants formés aux armes en Syrie, impose la mise en place d'un système sécuritaire plus performant. Les premières mesures, portant sur le limogeage des chefs de police de Tunis et du Bardo et l'arrestation du « chargé de sécurité du musée », traduisent effectivement le nécessaire sursaut tunisien. « Pour des raisons de sécurité » évidentes, le Bardo qui ambitionnait de rouvrir, hier, ses portes a reporté à plus tard la rencontre avec le grand public. « Les ministères de l'Intérieur et de la Culture ont décidé que cet après-midi ce serait un évènement officiel pour les médias et les personnalités », a indiqué la chargée de communication du musée, Hanene Srarfi. Tunis se contente de la cérémonie officielle pour officialiser le grand retour assimilé à « un acte symbolique ». Elle doit donner lieu à un concert de l'Orchestre symphonique tunisien et un nouvel hommage aux 21 victimes de la barbarie. Dans la douleur et la dignité, la tragédie du Bardo a cimenté l'élan unitaire de la Tunisie érigé en rempart inexpugnable pour préserver les immenses acquis participant à la consolidation de l'édifice institutionnel et constitutionnel, à l'émergence d'une presse libre et d'une société civile particulièrement revendicative et à l'enracinement de l'esprit de compromis. Le ministre des Affaires étrangères, Taieb Baccouche, a vu juste lorsqu'il a affirmé, à la veille de la cérémonie, que l'attaque terroriste « visait à compromettre l'expérience démocratique réussie en Tunisie ». A l'issue de son entretien avec l'envoyé spécial de la présidente de la Commission de l'Union Africaine pour la Libye, Dileita Mohamed Dileita, le chef de la diplomatie tunisienne a souligné « la détermination du gouvernement tunisien à relever les défis sécuritaires dont la lutte contre le terrorisme » et à s'inscrire dans la quête d'un « développement économique global et durable et un bien-être social ». A la faveur du Forum social mondial (FSM), prévu du 25 au 28 mars, la solidarité internationale s'organise pour apporter « une réponse de la société civile » décidée à se battre pour « un monde nouveau » et « contre ces monstres », comme l'affirme un membre fondateur, Gustavo Massiah.La même détermination mobilise la société civile tunisienne lançant à travers les réseaux sociaux un appel à manifester devant le musée sous le mot d'ordre « Ils ont voulu tuer la culture, ils ont touché un symbole, ils ont voulu nous faire peur, ils ont échoué ». Cette convergence associe les alter-mondialistes au combat de tous les Tunisiens plus que jamais rassemblés par la communauté de destin. « Tunisie libre, terrorisme dehors », ont repris en chœur près de 250 manifestants réunis à l'extérieur du Bardo et munis de pancartes proclamant la soif de « Visit Tunisia » et l'engagement « I will receive you with jasmine (Je vous accueillerai avec du jasmin) ». Peu informés du report de l'ouverture du Bardo, quelques touristes ont fait le déplacement pour exprimer le refus de la peur. « Ce n'est pas plus sûr à Paris qu'ici », calme une touriste française.