185 personnes tuées et plus de 1.282 blessées uniquement à Aden. Tel est le bilan que dresse Valérie Amos, la responsable des opérations humanitaires des Nations unies, qui se dit « extrêmement inquiète » pour la sécurité des civils piégés par les combats qui font rage. « 75% de ces victimes sont des civils », précise Al-Khader Lassouar, le directeur du département de la santé au Yémen, réclamant aux organisations internationales et aux monarchies arabes du Golfe, une aide d'urgence aux hôpitaux. « Les stocks de médicaments se sont épuisés et les hôpitaux ne parviennent plus à faire face au nombre croissant de victimes », dit-il. Le Comité international de la Croix-Rouge, qui s'inquiète du nombre croissant de victimes civiles dans les violences, souhaite obtenir des garanties pour la sécurité de deux avions à destination de Sanaâ, l'un transportant du matériel médical pour soigner un millier de blessés et l'autre chargé de 30 tonnes de fournitures médicales et de matériel d'assainissement de l'eau. Il affirme que trois convois d'aide humanitaire sont toujours bloqués en dépit des appels qu'il a lancés à la coalition menée par l'Arabie saoudite qui contrôle l'espace aérien et certaines villes portuaires. Lasse d'attendre une réponse qui ne vient pas, l'organisation humanitaire, qui a mobilisé en outre un bateau pour acheminer une équipe chirurgicale à Aden, la grande ville du Sud, accuse ouvertement la coalition de « non-assistance à population en danger ». Sur une proposition de la Russie, le Conseil de sécurité s'est réuni hier après-midi. Au menu, « des discussions sur de possibles pauses humanitaires dans les frappes aériennes », explique le porte-parole de la mission russe à l'ONU, Aleksey Zaytsev. Cette proposition russe arrive après une autre initiative des pays du Golfe, qui tentent de convaincre Moscou d'imposer des sanctions économiques et un embargo sur les armes aux Houthis. Opposée à cette initiative, la Russie a proposé d'amender le texte en faveur d'un embargo s'appliquant à l'ensemble du pays. Le haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Zeid Ra'ad al Hussein, a déclaré, mardi dernier, craindre un « effondrement total » du Yémen. Aqpa renforce sa présence L'opération militaire « Tempête décisive » a ralenti la progression des rebelles mais pas celle d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa, branche d'Al-Qaïda). Vendredi dernier, au neuvième jour de l'opération, et sur fond de désorganisation des structures de l'Etat, la nébuleuse terroriste a procédé à une démonstration de force. Elle a pris, sans rencontrer aucune résistance, le contrôle du quartier général de l'armée, le port de Moukalla (sud-est), la prison centrale de cette ville, libéré 500 prisonniers et lancé depuis des mosquées des appels « au djihad contre les chiites », confirmant le risque d'une guerre confessionnelle au Yémen, un des pays les plus pauvres au monde. « Les Houthis et Al-Qaïda ont les mêmes objectifs (...) contre la population yéménite contre la sécurité de la région et du monde », a déclaré à Riyad, le général Ahmed Assiri, le porte-parole de la coalition, ajoutant que celle-ci « ne doit pas être pressée » dans sa mission. « Neuf jours, ce n'est pas si long », dit-il.