Si la résolution de l'ONU fait la part belle au Maroc en ignorant une revendication-clé des Sahraouis : élargissement de ce mandat à la surveillance des droits de l'Homme, le Front Polisario pourrait « dénoncer » ce texte qui vise in fine qu'à « perpétuer le statut quo ». « On ne peut pas jouer les deux poids, deux mesures », a déclaré à la Chaîne III, Ahmed Boukhari le représentant du Front Polisario à l'ONU, rappelant que la Libye a été bombardée au nom des droits de l'Homme, « alors que lorsqu'il s'agit du Sahara occidental, on considère qu'il faut accommoder le Maroc ». M'hamed Khadad, le coordonnateur sahraoui avec la Minurso, n'y est pas allé avec le dos de la cuillère. « Le Front Polisario va revoir sa coopération avec la Minurso au cas où elle n'arriverait pas à remplir la mission pour laquelle elle a été créée par une résolution le 29 avril 1991 : l'organisation d'un référendum libre, juste et impartial au Sahara occidental ». « Abandonner cet objectif va imposer au Front Polisario à revoir sa coopération avec la Minurso », dit-il dans une déclaration à l'agence Reuters, soulignant que « le Front Polisario ne peut pas accepter que cette mission se déplace dans les territoires sahraouis comme s'il s'agissait d'un territoire marocain ». Le fait que l'ONU n'arrive pas à remplir ses engagements (organiser un référendum) à cause des pressions du régime marocain préoccupe le diplomate sahraoui. Comme toutes les personnes éprises du respect du droit international, il demande aux quinze de bien vouloir, en attendant le parachèvement du processus de décolonisation de la dernière colonie en Afrique, doter la Minurso d'une composante pour le contrôle et la protection des droits de l'Homme au Sahara occidental. Ban Ki-moon, le SG des Nations unies, a demandé dans son rapport de 2014 à la communauté internationale, notamment aux Etats voisins et au Groupe des amis, d'apporter son concours aux efforts de Christopher Ross, son envoyé spécial. Si malgré cela il n'y a aucun progrès avant avril 2015, le moment sera venu d'inviter les membres du Conseil à examiner complètement le cadre qu'il a fixé en avril 2007 pour le processus de négociation. En France, de plus en plus de voix s'élèvent pour demander au gouvernement de cesser de soutenir au Conseil de sécurité les positions marocaines. Dernière en date, celle de Hervé Féron, un député de la Meurthe-et-Moselle à l'Assemblée nationale. Dans une question écrite adressée à Laurent Fabius, le chef de la diplomatie française, il lui demande d'appuyer toute initiative visant un règlement politique « rapide » du conflit sahraoui à travers l'application du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination.