Décidément l'envoyé spécial onusien Peter Van Walsum ne fait pas oublier ses précédentes déclarations sur le Sahara occidental. Bien au contraire. Il persiste et signe. En s'obstinant à dire que l'indépendance du peuple sahraoui est irréaliste, Van Walsum risque de compromettre les négociations, déjà difficiles, entre les deux parties belligérantes. Le Premier ministre sahraoui avait déclaré il y a quelques jours à Alger que, si l'ONU maintenait M. Van Walsum, hostile à l'option d'indépendance, le Front Polisario risquerait de les boycotter. Au lieu de revenir à une position neutre, l'envoyé spécial onusien déclare une nouvelle fois, précisément dans les colonnes du journal espagnol El Pais paru vendredi, que l'indépendance du Sahara occidental, annexé en 1975 par le Maroc, «n'est pas un objectif accessible». Avouant que le Front Polisario, qui réclame un référendum d'autodétermination, «a la légalité internationale de son côté», le diplomate néerlandais estime toutefois que «l'indépendance n'est pas réaliste». M. Van Walsum souligne que «le Conseil de sécurité n'est pas disposé à exercer ses pouvoirs [...] et à l'imposer». Le Conseil de sécurité «doit respecter la légalité internationale, mais il doit aussi tenir compte de la réalité sur le terrain», a-t-il dit avant d'ajouter que «trente années d'arguments légaux de poids du Polisario n'ont produit aucun effet». Dans ces conditions, affirme-t-il encore, «l'indépendance du Sahara occidental n'est pas un objectif accessible». Des déclarations qui confortent le Front Polisario dans sa requête relative à la désignation d'un nouvel envoyé spécial pour le Sahara occidental. Les reproches sahraouis à la partialité de Van Walsum se révèlent plus que fondés. L'envoyé spécial onusien semble avoir résolument pris fait et cause pour le Maroc. Pour rappel, celui-ci avait écrit en avril dernier que l'indépendance du Sahara occidental n'était pas un objectif réaliste et que le Polisario devrait y renoncer, compromettant ainsi l'avenir des négociations. Par ailleurs, le coordonnateur sahraoui avec la Minurso, M. Mhamed Khadad, a remis au secrétaire général de l'ONU, M. Ban Ki-moon, une lettre du président Mohamed Abdelaziz. Dans une déclaration à l'agence sahraouie SPS, M. Khadad a précisé que cette lettre a trait aux «derniers développements de la question de décolonisation du Sahara occidental, dont les efforts de paix des Nations unies et le processus de négociations entre le Front Polisario et le royaume du Maroc en vue de parvenir à une solution définitive à travers l'exercice par le peuple sahraoui de son droit inaliénable à l'autodétermination et à l'indépendance tel qu'énoncé dans la résolution 1514 (XV) de l'Assemblée générale des Nations unies». L'émissaire saisira cette occasion pour souligner une fois de plus le parti pris de M. Van Walsum. En adoptant une attitude délibérément pro-marocaine, affirmera M. Khadad, l'envoyé spécial onusien «se départit de l'attitude d'impartialité qui doit être sienne et, partant, s'est disqualifié pour jouer un quelconque rôle de médiateur dans le conflit de décolonisation du Sahara occidental». Il a en outre soulevé avec son interlocuteur onusien le problème des «violations des droits de l'Homme dans les territoires de la RASD occupés par le Maroc» et a demandé, «comme l'ont déjà suggéré de nombreux membres du Conseil de sécurité» et comme souligné dans le rapport de la mission du Haut-Commissariat des Nations unies pour les droits de l'Homme de 2006, que la Minurso «prenne en charge cette question dans le cadre de sa mission dans le territoire, et ce, afin d'éviter que se poursuivent, dans l'impunité, les atrocités commises par les forces d'occupation coloniales marocaines à l'encontre de populations sahraouies sans défense». Il a rappelé, à cette occasion, que le Front Polisario a «toujours réaffirmé sa disponibilité à continuer de participer de bonne foi aux négociations initiées par le Conseil de sécurité et sa volonté ferme à parvenir avec le Maroc, comme le stipulent les résolutions 1754 et 1813 du Conseil de sécurité, à un règlement définitif fondé sur la légalité internationale et respectueux du droit inaliénable et imprescriptible du peuple sahraoui de décider démocratiquement et en toute liberté de son devenir». M. Khadad conclura : «Le Sahara occidental figure encore à ce jour sur la liste des territoires non autonomes des Nations unies. Le Maroc a occupé par la force en 1975 une partie de ce territoire alors qu'aucun pays au monde ne cautionne cette occupation.» G. H.