L'environnement de ce mausolée trônant sur une colline à proximité d'El Khroub (16 km à l'est de Constantine), a été entièrement réaménagé en prévision de la manifestation « Constantine, capitale de la culture arabe 2015 ». Situé à l'intersection des voies qui reliaient Cirta, la capitale numide, à Théveste (Tébessa), à Calama (Guelma) et à Sitifis (Sétif), le tombeau du grand Aguellid (roi berbère) défie les temps depuis 1.800 ans. Erigé pour immortaliser le rude et valeureux guerrier, le souverain passionné d'arts et de littérature, le tombeau de Massinissa continue de perpétuer l'histoire du fin stratège qui œuvra, tout au long de son règne, à développer une civilisation berbère autonome. Une curiosité architecturale Comparé à Imedghassen, le plus ancien mausolée numide d'Afrique du Nord, situé dans la wilaya de Batna, ou au tombeau commémoratif du roi Syphax, dans l'antique cité numide Siga, dans la wilaya de Aïn Témouchent, tous deux sous forme d'un socle cylindrique couronné d'une toiture conique en pierres et de colonnes décoratives, le tombeau de Massinissa, en pierres taillées, est d'une forme cubique à sa base, avec deux boucliers symbolisant le rang de l'Aguellid. Selon un document du musée national Cirta, les explorations engagées par des archéologues et des chercheurs français, entre 1915 et 1916, évoquent la probabilité que les pierres du mausolée étaient de style mixte gréco-punique, importées à Cirta par des ouvriers grecs et carthaginois qui y furent employés par les rois de Numidie, principalement Massinissa et son fils aîné Micipsa (IIIe et IIe siècles avant JC). Les premières fouilles ont révélé que le tombeau de Massinissa renferme un caveau de 2 m sur 1 m orienté du nord-est au sud-ouest. De 1,12 m de profondeur, ce caveau établi au-dessus de l'assise des fondations, était couvert de dalles de 40 cm d'épaisseur, encadré de pierres de taille. Le fond n'était dallé que sur l'angle nord-ouest. Le caveau, où repose la dépouille mortelle du roi numide Massinissa, qui régna pendant 60 ans, n'a aucune communication avec l'extérieur, spécifient les premières fouilles. Les archéologues français ont dû, à l'époque, le démanteler pour pouvoir y accéder. La chambre funéraire renfermait des ossements ainsi que trois urnes intactes et des débris de plusieurs autres ainsi que divers autres objets oxydés et en morceaux, dont des armes, un casque, une tunique, des fers de lance et des javelots. Le niveau supérieur du tombeau, composé de colonnes, de fûts de colonnes, de chapiteaux et de fausses portes, n'a pas résisté aux supplices du temps. Ces objets, catalogués, sont entreposés dans le périmètre à même le sol, en prévision d'une reconstitution. Massinissa, « le maître des cités » Tacticien militaire de haute volée, fin diplomate, Massinissa, fils du roi Gaïa, parvint à changer le cours de l'Histoire quand deux nations (Rome et Carthage) se disputèrent la maîtrise du monde, affirment les historiens. Guerrier valeureux, l'Aguellid reconquit son royaume et annexa celui de ses ennemis. En peu de temps, il occupa 70 villes et forts, et fédéra ainsi la quasi-totalité de l'Afrique du Nord en un Etat organisé et souverain. Pendant près de 60 ans, période de règne de Massinissa, le monarque œuvra à sédentariser les Amazighs en développant chez eux l'agriculture, ce qui les attacha à la terre. Il développa les échanges commerciaux dans tout le bassin méditerranéen, et la Numidie devint une puissance commerciale de premier ordre, protégée par une flotte de guerre admirée et redoutée, rapportent aussi des documents historiques. La monnaie frappée de l'effigie de Massinissa se multiplia et circula sur l'ensemble du bassin méditerranéen. Souverain raffiné, Massinissa, descendant d'une lignée prestigieuse de rois massyles, encouragera, selon les historiens, la littérature et les arts, reçut dans son palais à Cirta de nombreux écrivains et artistes étrangers, et approuva toute forme de créativité. L'histoire retient surtout que dans sa bravoure et son ambition, le guerrier vigoureux que fut Massinissa commanda lui-même, âgé alors de 88 ans, son armée dans une grande bataille contre les Carthaginois. Aujourd'hui encore, Massinissa est considéré comme « le plus grand entre les plus grands souverains de la Berbérie ». Reconstituer son tombeau, faire toute la lumière sur son règne, constituent non seulement un devoir de mémoire mais aussi une reconstitution d'un pan de la mémoire collective.