La quatrième édition du Forum de Mobilis a été consacrée, hier, à la question des « technologies de l'information et de la communication (TIC) comme moteur de l'innovation ». L'opérateur public de téléphonie mobile a ainsi voulu marquer la commémoration du 150e anniversaire de la création de l'Union internationale des télécommunications et la journée mondiale des télécommunications qui aura lieu le 17 mai, à sa manière, en faisant le point sur l'évolution des technologies de la communication dans le monde et en Algérie, autant que faire se peut. Trois invités à ce débat : Zine Seghier, premier opérateur Cloud dans la région du Maghreb, fondateur d'Issal et qui cumule 20 ans d'expérience internationale dans la haute technologie, le PDG de la région Maghreb-Moyen-Orient d'Intel, et enfin, un responsable d'une agence de marketing digital OnMarket. La question centrale s'articulait autour de l'innovation, et s'il est donné à tout le monde de pouvoir innover malgré la fracture numérique entre les pays du Sud et ceux du Nord. Zine Seghier a donné des exemples d'innovations récentes dans le monde qui sont proches de la science-fiction, à l'image de cette mise au point aux USA d'un camion connecté qui roule sans conducteur et qui a été autorisé dans l'Etat du Nevada. L'innovation a permis, selon cet expert, à des pays pourtant pauvres comme le Bangladesh et le Kenya, de développer des systèmes de paiement via le mobile qui autorisent toutes les opérations de transactions, de prêts, de transferts... Comme elle a permis en gros de numériser le livre, de faire de la livraison automatisée, de révolutionner le commerce. L'exemple du paiement électronique nous intéresse au plus haut point parce qu'il a du coup permis « de régler la question de l'informel », précise Seghier, qui ajoute qu'il faudra d'abord, bien sûr « revoir la réglementation de la Banque d'Algérie ». Pour cet expert, ce n'est pas par hasard si la plupart des innovations viennent des pays du tiers-monde. Ces derniers ont pu « innover, sous la pression du besoin », affirment les spécialistes. Autre exemple du rôle des TIC dans l'innovation, le développement du contenu local. On ne peut pas faire cela si on n'est pas développeur, « un métier que l'on apprend non pas à l'université mais via le net », explique. Seghier. Pour le DG d'Intel pour la région Maghreb et Moyen-Orient, Bibitriki, « l'innovation a permis à des entreprises d'atteindre un haut niveau de performance ». L'idéal serait cependant de créer « un environnement qui favorise la création », selon lui. Tout le monde a des idées, les gens du Nord, les gens du Sud, encore faut-il « avoir la capacité de les transformer », ajoute Bibitriki. Les débats ont porté sur la nécessité d'un haut débit, d'une bonne infrastructure réseau, du respect de la propriété intellectuelle pour encourager et protéger le créateur.... Il faut signaler, comme l'a fait remarquer un intervenant, que l'innovation exige des pré-requis telles l'existence de talents, d'infrastructures et bien sûr la taille du marché. Des start-up bien de chez nous n'ont pas pu émerger parce qu'on a essayé de leur imposer « une dimension locale », alors que leur ambition légitime est de « pouvoir servir toute la planète », dit-il.