Près d'une année après l'attaque éclair lancée victorieusement, en juin 2014, contre El Anbar, et le contrôle de Mossoul passée à la trappe du projet totalitaire, Daesh règne de nouveau sur la ville de Ramadi, majoritairement sunnite. « Les seules forces qui continuent à se battre sont confinées dans de petites poches et n'ont plus aucun poste de commandement », assure cheïkh Hekmat Souleimaneun, chef tribal membre du conseil provincial, qui n'hésite pas à dénoncer cette « situation critique ». Elle l'est d'autant plus que l'étau qui se resserre sur Mossoul et Ramadi, deux chefs-lieux des principales régions irakiennes, touche à la profondeur stratégique allant de la frontière avec la Syrie, la Jordanie et l'Arabie saoudite. La bataille de Ramadi, encerclée, depuis mardi dernier par Daesh un sérieux revers pour l'armée irakienne. Elle représente une menace tangible pour la capitale irakienne, à portée d'un assaut prévisible qui remet fondamentalement en cause la reconquête de Tikrit jugée alors par le gouvernement du Premier ministre, Haider Al-Abad, comme un pas vers la reprise d'Al Anbar. Des renforts dépêchés à Ramadi et Al Anbar et le bombardement effectué par l'armée irakienne et la coalition n'ont pas permis de chasser Daech qui contrôle le quartier général du gouvernement. Hier, aucun signe d'une contre-offensive, annoncée la veille par les autorités, n'est encore perceptible. « Les forces de sécurité fortifient leurs positions à Ramadi. Mais, estime un responsable local, il n'y a pas d'opérations militaires pour reprendre les zones contrôlées par Daech ». Face à la barbarie du terrorisme, la Mésopotamie qui a énormément souffert du pillage du musée de Baghdad par les troupes d'occupation américaines, la guerre est ouvertement déclarée par Daech procédant à la destruction systématique des sites antiques et le saccage au marteau-piqueur de la statuaire assyrienne au musée de Mossoul. C'est dans ses fondements civilisationnels que l'Irak est livré à la barbarie de la terreur à visage religieux affairé au « nettoyage culturel » à ciel ouvert. Daech de la triste besogne a frappé au bulldozer méthodiquement lancé contre Nimroud, capitale assyrienne (IXe siècle avant J.-C.), le 5 mars, Hatra (Ier siècle avant J.-C. - Ier siècle de notre ère) le 7 mars, monumentale cité parthe, Khorsabad (nord de Mossoul) pillée le 8 mars, et enfin Ninive, la dernière capitale assyrienne. Aujourd'hui, l'Irak est menacé dans l'un des « foyers culturels les plus importants », selon le directeur des antiquités et des musées syriens, Maamou Abdulkarim. C'est, à l'image de la vieille ville d'Alep, celle de Bosra ou encore le Krak des chevaliers, aux portes de la cité antique de Palmyre, en Syrie, qui a « déjà souffert de 4 années de conflit », affirme la directrice générale de l'Unesco, Irina Bokova, que les combats font rage depuis mardi. Plus de 110 personnes ont été tuées. Selon l'Organisation syrienne des droits de l'homme, Daech a exécuté 26 civils. Elle est considérée comme une porte d'entrée au Sahara syrien, limitrophe d'Al Anbar. Située au centre de la Syrie, à 200 km de la capitale, Palmyre fait rêver Daech qui veut étendre son influence sur la région de Homs en grande majorité contrôlée par le régime. A « un kilomètre du site » de Palmyre, l'organisation terroriste a néanmoins subi plus à l'Est, à Al Amr, la perte d'un haut responsable, Abu Sayyaf, tué dans une attaque des forces américaines qui ont procédé à la capture de sa femme actuellement en détention dans une prison américaine en Irak. C'est la première opération terrestre des « troupes sur le terrain » menée par les Etats-Unis enlisés dans les raids aériens de la coalition.