Il est plus facile pour les agences de voyage algériennes « d'exporter » que « d'importer » les touristes. Chose que ces agences reconnaissent encore une fois à l'occasion du 16e Salon international de tourisme et des voyages (Sitev) qui prend fin aujourd'hui à la Safex. N'empêche, certaines tentent cahin-caha de faire dans le tourisme interne à l'exemple de l'agence de voyage Gouraya qui entreprend quelques tentatives mais avec des conditions et pour un nombre très limité de personnes. « Pour le réceptif, nous travaillons juste durant la saison saharienne, à Timimoun et Taghit surtout. Notre produit est destiné à des petits groupes. La beauté du Sahara compense les déficits en matière de services et d'hébergement. Mais, en dehors du Sahara les défaillances restent impardonnables. On ne peut pas se permettre d'offrir n'importe quoi à nos clients. On ne peut pas les encourager à passer des vacances dans un endroit où il n'y a pas de loisirs », explique la chargée de tourisme à l'agence Gouraya, Mme Ziani. Proposer donc des destinations étrangères reste, pour elle, comme pour la plupart des agences de voyage algériennes, l'option la plus sûre pour rester sur le marché. Du côté des consommateurs, on préfère aussi passer des vacances ailleurs pour des raisons de disponibilité et par souci de coût. « Les hôtels potables sont trop chers. Les services ne sont pas de qualité et mis à part les promenades en montagne ou sur les plages, il n'y a pas grand-chose à visiter. Nos vacances en Algérie nous coûteraient aussi chers que si nous voyagions à l'étranger. Autant alors aller ailleurs, on n'en aura, ainsi, pour notre argent », estiment-ils. Plus d'un million de touristes algériens ont passé leurs vacances à l'étranger en 2014, en Turquie surtout. Et tout porte à croire que cette année encore, beaucoup d'Algériens exploreront d'autres cieux. « Durant la saison estivale, il y a une forte demande pour l'étranger et les clients sont prêts à payer le prix car ils sont sûrs qu'ils en auront pour leur argent. Mais on pense aussi à ceux qui n'ont pas les moyens de voyager, surtout les jeunes, en leur proposant des campements. C'est beaucoup moins cher que les hôtels qui sont, en plus, complets durant la haute saison », indique la représentante de l'agence « Voyage du cœur ». Pour les familles, l'agence a signé des conventions avec des complexes touristiques pour leur fournir des séjours à des prix abordables. Le complexe touristique M'Hiddine Terga, implanté à Aïn Temouchent, offre des appartements de type F3 à 12 000 DA la nuitée. Le complexe cible les familles et ambitionne d'effectuer une extension à condition que les financements bancaires soient dégagés. « Cela fait deux ans que nous avons introduit notre dossier au niveau de la CPA. On attend toujours », confie la représentante de ce complexe. Un problème que le propriétaire du village touristique « Doriane beach club », Brahim Tourki, n'a pas connu pour le lancement de son projet puisqu'il a préféré puiser dans ses fonds propres. « A l'origine, c'était une base de vie que j'ai construite en l'espace de six mois sans m'endetter auprès d'une banque. Mais ça m'a pris presque un an pour la transformer en un village touristique de 3 étoiles. J'ai eu du mal à obtenir mon agrément et pourtant, la région de Aïn Temouchent souffre d'un déficit en matière d'hébergement », souligne-t-il. Son village affiche d'ores et déjà complet de juin à septembre. Le complexe cible les familles et surtout les bourses moyennes. « On ne vise pas les personnes aisées mais des citoyens aux revenus moyens qui veulent passer des vacances en famille », assure-t-il. En basse saison, une chambre pour deux personnes est à 4000 DA/nuitée, à 7500 DA en moyenne saison et à 10.000 en haute saison. Ce qui n'est pas non plus à la portée de n'importe quel citoyen de bourse « moyenne ». Le tourisme interne, selon le gérant de l'agence E.N.A. Tours, Menacef, c'est le porte-à-porte, au niveau des universités surtout. « Les jeunes ne sont pas très exigeants en matière de service et d'hébergement. On peut leur proposer des formules de camping ou d'auberges. Mais pour cela, il faut faire un travail de proximité, créer des circuits sud-nord, nord-sud, est-ouest et ouest-est. C'est ce qu'on essaie de faire et ça marche », dit-il.