Une session de négociations intermédiaire entre les 196 signataires (195 pays et Union européenne) de la convention sur le climat a commencé, hier, à Bonn (Allemagne). Elle constitue est un jalon important de la route qui doit mener à la signature d'un accord mondial lors de la conférence de Paris, prévue en décembre 2015. Tout naturellement, le tempo est donné par le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, qui, à l'ouverture de la séance préparatoire de Bonn, a déclaré que la France entend favoriser la conclusion d'un « préaccord » dès le mois d'octobre. A moins de 200 jours du rendez- vous parisien, précédé de deux autres sessions intermédiaires de négociations prévues à la fin de l'été et en octobre, le temps des choix a largement sonné pour finaliser un accord multilatéral qui fera l'objet de deux réunions ministérielles à Paris, les 20 et 21 juillet et le 7 septembre prochains, pour « permettre d'avancer sur les questions les plus délicates ». La bataille planétaire est donc engagée par les 196 pays pour parvenir à l'objectif tracé : limiter à 2°C le réchauffement climatique par rapport à l'ère préindustrielle. Le dernier rapport du GIEC (Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat), publié en novembre, est très alarmiste. Il prévoit une hausse des températures de 0,3 à 4,8°C d'ici à la fin du siècle. Ce sommet est donc considéré comme celui de la dernière chance. Le coup d'envoi des travaux qui dureront jusqu'au 11 juin a été donné par Christina Figueres, la responsable climat aux Nations unies, Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères et futur président de la COP21 (21e Conférence des parties), et Manuel Pulgar-Vidal, ministre de l'Environnement du Pérou, en sa qualité de président de la conférence de Lima (COP20). Par-delà les aspects techniques du document de base, arrêté en février à Genève, l'espoir d'un « futur vert » est brandi par Mattias Södeberg, le responsable de la délégation d'ACT présente à Bonn, une coalition qui regroupe des églises et des organisations de 140 pays. Dans un communiqué, il a souligné qu'« un tel accord sauverait des vies, limiterait les risques de conflits et soutiendrait la croissance et un développement durable ». Mais, il est admis que le chemin du consensus est encore long. Du sommet de Rio (1992), instituant la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) dont la COP 21 est l'organe majeur, à l'édition française, en passant par Kyoto (COP3 de décembre 1997), la réalité chiffrée n'incite pas à l'optimisme. Le fossé reste grand entre les engagements pris et les résultats concrets. L'exemple du protocole de Kyoto, décidant de la réduction par les pays industrialisés de leur émission de gaz à effet de serre de 5%, entre 2008 et 2012, n'a eu aucun effet concret. C'est le cas également de la COP15 de Copenhague qui n'a pas débouché sur de nouveaux objectifs tangibles. Il reste que les signes d'espoir sont perçus à travers le récent engagement des deux principaux « pollueurs » que sont la Chine et les Etats-Unis. La lueur au bout du long tunnel signifiera-t-elle la fin des divergences d'intérêt ? La « contribution nationale » des 196 pays et surtout une évaluation précise de la mise en œuvre de l'objectif de réduction des gaz à effet de serre pour 2025 ou 2030 permet de mesurer les progrès réels qui jusqu'à présent sont encore éloignés de la « trajectoire de 2°C, comme l'a reconnu la négociatrice française, Laurence Tubiana. Outre les 37 pays de l'UE, les Etats-Unis, la Russie, le Canada et le Mexique qui ont déjà validé leur « contribution nationale », d'autres pays, comme la Chine l'Australie, le Brésil ou le Japon, devraient le faire. Bonn et Paris seront-elles à la hauteur du défi du siècle ?