Berlin, avec son « Est » et son « Ouest » unifiés, depuis novembre 1989, s'offre le plus prestigieux duel du football européen. Une finale de voltige animée par deux orchestres, le catalan et le turinois, pour un sommet symphonique sur rythme d'un triplé que le tout-Barcelone et le tout-Turin attendent par orgueil typiquement local. Balle au centre, sans protocole. La magie pure, cette carte « d'identité », le label technico-tactique des Blaugrana face à la rigueur et l'audace de la Vieille Dame. Une fresque du must du football de deux clubs, deux pays deux qui s'aiment dans la rivalité. Corps à corps, tacles, extensions, débordements, slaloms, déviations, crochets, une-deux, désaxés, râteaux, roulettes, explosions et anticipations musclées et intelligentes en même temps, tirage de maillot, frappes lourdes et plein de coups de sifflet de l'arbitre mais, surtout 90 minutes de...« Messiennes » et d'improvisations de ce Léo métamorphosé en machine de créativité...« surhumaine ». Sans affabulation ni métaphore d'un chroniqueur en panne de belles passes rédactionnelles. Messi reste, sans titiller le roi Pelé et le garçon en or Maradona, presque inqualifiable dans le lexique footballistique. Il n'y a que lui, Messi, habilité à se « coller » un substantif, pourquoi pas un superlatif. Retour au duo de charme Barça-Juve. Ce soir sera constellé d'étoiles. Le Barça se présentera en revanchard, lui qui a été frustré, la saison passée, par la razzia du Real et de l'Atletico confinant la Catalogne dans un long et lourd silence de cimetière. Situation de capo général même pour Messi détrôné par Ronaldo. Aujourd'hui, c'est tout-Madrid qui se cache pour mieux faire apparaître Barcelone et son « messie » qui slalome vers un cinquième Ballon d'Or que ses idoles, c'est l'aveu récent de l'Argentin, Zidane et Ronaldo (el fenomeno), ont gagné avant lui. Deux déités de Messi qui ont dessiné en images éternelles leur passage au Barça et à la Juve, deux icônes du football européen qui feront les « égéries » pour Suarez, Messi et Neymar, d'un côté, Pogba, Tevez et Vidal, de l'autre côté, dans une bataille sur le champ allemand de Berlin pour une affaire de palmarès et de suprématie continentale. Tout, durant ce nocturne berlinois, entre Espagnols et Italiens, sera une affaire de records collectifs et individuels. Des retrouvailles « salées » garniront ce majestueux menu. Le « trident » MSN n'a pas son équivalent sur la terre football, particulièrement depuis cette dernière semaine où ce trio mitrailleur a « fusillé » l'exploit de la triplette madrilène (120 buts contre 118 de Ronaldo, Benzema et Higuain en 2012). Le Barça vise carrément un quatrième triplé devant une Juve, certes sur le papier pas étincelante mais assez futée pour refaire le coup du Real et tenter, elle aussi, le miracle d'un triplé. Mission ardue pour la défense turinoise dans son opération « anti-Messi » à moins d'une sorcellerie du coach Allegri car la méthode du catenaccio est dépassée d'avance par le statut de la « Pulga » insaisissable. Ce culmen, ce pinacle du football européen, mondial par ses stars, son budget et son niveau technique, se jouera également sur la main courante entre Allegri et Enrique, deux coaches très contestés à leur arrivée à Turin et Barcelone. Les deux drivers ont essuyé des « bains de tomate » qu'ils ont allègrement esquivés en réussissant tant de beaux gestes pour attendrir, finalement, les foules des deux clubs. Enrique et Messi se congratulent alors qu'Allegri a fait oublier Conti. En définitive, ce pic du ballon rendra son verdict en fonction de la forme de ce « little big », Léo Messi. Lors de ce clasico à l'écho espagnol et le Stracittadina à la musicalité italienne, le gros plan, en plus de celui de Messi, se réduira au très beau « bisou » de Suarez qu'il n'osera pas sur l'épaule de Chiellini qui a déclaré forfait pour le big-show de ce soir. Ce (toujours) Suarez devra aussi serrer, avec le sourire « uruguayen », la main d'Evra. Pour les plus sportives preuves de ce Barça-Juve nirvanique.