Saïd Hilmi a eu droit à tous les honneurs samedi dernier. Le prétexte ? La Journée nationale de l'artiste que l'Algérie célèbre le 8 juin de chaque année. L'initiative émane de l'APC d'Alger, qui a tenu à gratifier le comédien dont la carrière riche et fructueuse a été mise en exergue et par le président de l'APC, Abdelhakim Bettache, qui est intervenu dans l'allocution inaugurale de cet après-midi bien particulier et par les différents invités de la famille artistique ou de personnalités politiques, historiques et autres figures connues. Il y avait là aux premières loges, Ouahiba Zekkal, une artiste émue aux larmes, Mouloud Hamrouche, ancien chef de gouvernement, Nourredine Yazid Zerhouni, ancien ministre de l'Intérieur, Karim Younès, ancien président de l'APN, Lyès Semiane, directeur de la Cinémathèque, Basta, moudhjahid, le colonel Saïdi et bien d'autres noms encore. La salle Algeria, archicomble, a fait bonne figure à cette rencontre chargée d'émotion et au programme culturel choisi. Saïd Hilmi se dit, aujourd'hui, « un homme heureux et comblé ». Cette joie a été partagée par ceux qui ont regardé avec lui le documentaire qui retrace son parcours artistique entamé en 1952, tel que l'a confié son frère Mohamed Hilmi qui a aussi pris la parole pour conter le frère, le confrère et l'ami complice. Les témoignages de ses pairs dans le film ont été tous aussi singuliers qu'émouvants. Cela a permis au public présent de mieux découvrir l'artiste qui n'a pas manqué sur scène de le remercier par une de ses sorties spontanées, non pas pour se confondre en remerciements mais pour exploiter une des célèbres créations de Hadj Omar, « Le cireur », pour chanter, et, oui, chanter ! le texte, non sans y mettre de l'humour, cette autre prouesse artistique du comédien. Une pointe de nostalgie — dont n'a pu se départir une représentation de la troupe zorna, au commencement de cette cérémonie hommage — qui s'est incrustée dans l'ambiance générale, fortement applaudie, joliment accueillie. Saïd Hilmi, qui se dit honoré par cette initiative de l'APC d'Alger-Centre, a tenu à confier : « Ce n'est pas tant la journée de l'artiste qui m'importe, je n'y crois pas personnellement. C'est plutôt en le public algérien que je crois, sans lequel je ne serai pas là où je suis aujourd'hui. » Une confidence qui en entraîne une autre, dans un clin d'œil au Festival international du film arabe d'Oran qui se déroule en ce moment. « Non que j'en sois fâché ou que je le prenne mal, de ne pas y avoir été convié. Mais j'aurai aimé que la famille de Kouiret y soit dans cet hommage qui lui est dédié. » Et d'avoir cette pensée à l'Algeria, ce monument du 7e art algérien, aux artistes disparus, à l'image de Fatiha Berber, Rachid Farès, Benamar Bakhti, Amar Laskri récemment ravi à l'art national... Des mots qui ont habillé cette fin d'hommage bien particulier et alors que l'artiste s'est vu vêtir sur scène d'un burnous blanc, en signe honorifique, « aussi blanc que l'art incompris », ponctuait-il, hier après-midi, alors qu'il s'apprêtait à rejoindre la chaîne El Djazaïria pour un enregistrement et une invitation à Canal Algérie. A la revoyure, l'artiste !