La réclusion à perpétuité à l'encontre de Rafik Abdelmoumène Khalifa. C'est la sentence demandée, dimanche soir, par le procureur général du tribunal criminel près la cour de Blida, Mohamed Zerg Erras, lors de son réquisitoire. Il a également demandé la réquisition de tous les biens de l'ex-patron du groupe Khalifa, poursuivi pour plusieurs chefs d'inculpation, dont association de malfaiteurs. Le représentant du ministère public a requis une peine de 20 ans de prison à l'encontre de Guelimi Djamel, directeur de la sécurité au sein du groupe Khalifa, Chachoua Abdelhafid et son frère Chachoua Badreddine, agent de sécurité, ainsi que la saisie de leurs biens et 15 ans de prison contre l'ancien directeur de l'agence de la Banque de développement local (BDL) de Staouéli, Mourad Idir Issir, le notaire Rahal Omar, le conseiller sportif, Ighil Ali Meziane, l'ancien directeur de l'agence Khalifa de Chéraga, Mir Omar, l'ancien directeur de l'agence de Blida, Kechad Belaïd, et Amghar Mohand Arezki, directeur de la société Khalifa de location de véhicules. Zerg Erras a requis des peines d'emprisonnement de 10 ans à l'encontre de Chachoua Ahmed, agent de sécurité, Abdelwahab Réda, garde du corps d'Abdelmoumène Khalifa, Toujène Mouloud, directeur de la comptabilité, et Zerrouk Djamel, directeur de l'agence d'El-Harrach. Des peines allant de 7 ans à 18 mois de prison ferme assorties d'amendes ont été requises contre des accusés ayant comparu, entre autres, pour trafic d'influence, corruption et bénéfice de privilèges. Il s'agit notamment de l'ancien directeur de l'école de police d'Aïn Benian et vice-président de la Mutuelle des fonctionnaires de la police, Adda Foudad, et du responsable de la direction de la sécurité et de la protection au sein du groupe, à l'encontre de qui le procureur a demandé 7 ans de prison. Pour l'ex- P-DG de Saïdal, Ali Aoun, la peine demandée est de 5 ans plus une amende de 5.000 DA. Idem pour le commissaire aux comptes de la banque Khalifa, Mimi Lakhdar, en plus d'une amende de 500.000 DA. Par ailleurs, le procureur général a requis des peines de prison de 2 ans et 18 mois contre plusieurs autres accusés dans cette affaire. Le tribunal de Blida a entendu, hier, au 30e jour du procès, les plaidoiries des avocats des accusés, qui sont au nombre de 71, dont 4 sont décédés et 21 sont en détention. L'avocat Khaled Bourayou jette un pavé dans la mare Khaled Bourayou, avocat d'Issir Idir, conseiller d'Abdelmoumène Khalifa, a fait une révélation de taille. Selon lui, l'acte d'hypothèque de la maison et du fonds du commerce de la famille Khelifa est sorti du bureau du juge d'instruction sans cachet pour revenir avec un cachet rond bleu non officiel. « Une expertise faite par la Française Catherine Mango, de notoriété mondiale, a révélé l'escroquerie », a-t-il affirmé en s'interrogeant sur l'identité de celui qui a falsifié le document. « Le cachet officiel de l'Etat est de couleur rouge et non bleu Monsieur le président », a fait remarquer l'avocat qui demande la relaxe pour son client, car, selon lui, il est victime dans cette affaire. Miloud Brahimi, avocat des accusés Redha Rahal et Djamel Guelimi, a jugé le réquisitoire du procureur général de très sévère, notamment la perpétuité requise à l'encontre de Khalifa Abdelmoumène. « Dans l'affaire Khalifa Bank, des personnalités et de hauts fonctionnaires sont impliqués. Je me demande pourquoi ils n'ont pas été poursuivis par la justice. Les principaux responsables sont loin du dossier aujourd'hui », plaide l'avocat, affirmant que des structures de l'Etat étaient au courant du danger qu'encourait la banque. L'avocat a enchaîné avec les accusations portées contre Rahal Ali, l'ex-PDG de l'Entreprise nationale de géophysique, poursuivi pour association de malfaiteurs et vol. Sur ce sujet, il explique au magistrat que son client a bénéficié de la carte bancaire de Khalifa Bank comme tant d'autres Algériens et il avait utilisé cette carte une seule fois avec sa famille. Pour le cas de Guelimi Djamel, Me Miloud Brahimi a estimé que son client a pour seul tort d'être un ami d'enfance d'Abdelmoumène et qu'il n'a rien à voir avec la falsification des documents ayant servi à la création de la banque ou à contracter des crédits bancaires. L'avocat demande la relaxe pour ses deux clients. Laceb Ouali, avocat de Sahbi Daoud, ex-PDG de l'Enafor, une filiale de Sonatrach, relève que son client est une victime non pas de la banque Khalifa, mais de certains commis de l'Etat qui, selon lui, n'ont pas fait leur travail, comme le financier du groupe Sonatrach qui a été alerté par Ali Touati, administrateur du groupe et vice-gouverneur de la Banque d'Algérie à l'époque des faits, mais n'a rien fait pour éviter le dépôt de milliards des filiales du groupe dans la banque Khalifa. A l'heure où nous mettons sous presse, les plaidoiries des avocats se poursuivaient.