Le coup d'envoi du marché commun africain a été donné, hier, à Charm El-Cheïkh (Egypte), par les 26 dirigeants de l'Afrique de l'Est (sur les 54 pays africains) instituant, après cinq ans de négociations, la Zone tripartite de libre-échange (Tripartite Free Trade Area - TFTA). Communément appelé la « Tripartite », le nouvel ensemble africain regroupera les pays du marché commun des 11 Etats d'Afrique australe et de l'Est (Comesa), des 5 Etats de la la Communauté d'Afrique de l'Est (CEA) et des 15 Etats de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC) qui ont été, disons-le, les précurseurs de l'intégration régionale. Les perspectives sont prometteuses pour un marché fort de ses atouts indéniables, englobant 625 millions de consommateurs (sur le milliard d'habitants que compte le continent), brassant 1.065 milliards de dollars de PIB (900 milliards d'euros, soit 60% du PIB global africain) et, en l'absence du géant nigérian, porté par des économies les plus performantes (Afrique du Sud, Egypte) et émergentes qui connaissent la plus forte croissante mondiale (Ethiopie, Angola, Mozambique et Kenya). L'Afrique unie, dépassant en termes de population l'UE, menacée de perdre le rang de plus importante zone de libre-échange du monde, veut « surprendre le monde », assure la commissaire au commerce de l'Union africaine, Fatima Haram Acyl. Le traité qui devra être ratifié dans deux ans par les Parlements prévoit la mise en place d'un cadre pour imposer des tarifs douaniers préférentiels, facilitant la circulation des biens et des marchandises sans taxe, a indiqué Peter Kiguta, directeur général de l'EAC. Des efforts sont encore exigés pour baliser la voie d'une intégration réussie qui passe par la levée des entraves bureaucratiques, l'établissement du calendrier « de démantèlement des barrières douanières » et l'harmonisation des politiques commerciales. Mais, le développement du commerce intra-africain (12% en Afrique, contre 55% en Asie et 70% en Europe) et une augmentation de la part de l'Afrique dans les marchés internationaux, de l'ordre actuellement de 2%, sont les objectifs tracés dans le long chemin vers une intégration totale favorisée par l'expérience pionnière du Nepad (Nouveau partenariat pour le développent de l'Afrique) qui a jeté les bases concrètes d'un commerce intra-africain (construction de routes, de chemins de fer et d'autres voies de communication). Face à la mondialisation impitoyable, travaillant à faire de l'Afrique un simple marché de consommation et surtout le théâtre des convoitises des puissances étrangères, la Tripartite est un pas important qui permettra à l'Afrique de rejoindre les regroupements régionaux dans le monde, en Amérique (Mercosur), au Pacifique (TTP), en Europe (UE) et en Amérique du Nord (ALENA regroupant les Etats-Unis, le Canada et le Mexique). Le rêve panafricain prend enfin forme.