La Russie de Vladimir Poutine veut relancer le processus de négociations entre le régime de Bachar al-Assad et l'opposition pour entamer un changement et des « réformes » politiques. En dépit des échecs répétés des sommets tenus à Moscou et à Astana (Kazakhstan), la partie est jouable. « Nous sommes prêts à pousser le président Al-Assad afin qu'il engage des discussions avec l'opposition « saine » en vue de réformes politiques. C'est tout à fait réalisable », a affirmé Poutine à l'occasion du forum économique international de Saint-Pétersbourg. Le président russe, qui se déclare « prêt à travailler avec Al-Assad », pour engager un processus de changement politique, a évoqué deux conditions essentielles : le respect de la volonté populaire et un plus grand engagement des « partenaires européens et américains » dans le combat contre « le mal absolu, que nous estimons être le fondamentalisme et Daesh ». L'alternative s'appuie sur un soutien indéfectible apporté au régime de Bachar Al-Assad érigé en rempart absolu contre l'avènement de Daesh. « En Syrie, le choix est simple : soit Assad, soit Daesh. L'opposition dite modérée n'a aucune force militaire. Le départ d'Assad entraînerait une désintégration de l'armée et l'occupation du pays par des terroristes », a indiqué le président de la commission des Affaires internationales de la Douma, Alexeï Pouchkov. C'est précisément le front de la résistance, incarné par Damas et ses alliés russe et iranien, qui a permis de contenir la déferlante terroriste, politiquement et militairement soutenue par les puissances occidentales et leurs alliés régionaux, expliquent les Russes. De la capitale syrienne, établie à Raqa, aux confins de Mossoul, le « califat » autoproclamé d'Abou Bakr al-Baghdadi multiplie les conquêtes territoriales, malgré les raids de la coalition internationale fragilisée par l'absence de troupes au sol. Le « groupe terroriste le plus riche au monde », disposant de ressources financières (près de 2 millions de dollars par semaine, selon le politologue du groupe d'analyse Rand Corporation, Patrick Johnston) et militaires insoupçonnées, se présente désormais en menace planétaire clairement exprimée par le développement tentaculaire en Libye et au Nigeria. A cette menace globale, la riposte qui doit être nécessairement globale souffre de la fragmentation de l'opposition, soumise aux luttes d'influence régionale et internationale. Le cas paradoxal des tribus sunnites, réservant une réponse diamétralement opposée à l'appel du souverain jordanien pour combattre Daesh, est éloquent. Alors que les chefs de tribus d'Irak l'ont accueilli favorablement, ceux de Syrie ont rejeté l'offre. Dans un communiqué, ils ont appelé la Jordanie « à fournir un soutien réel à la Syrie face à la conspiration dont elle est victime ».