« L'attaque de Sousse était malheureusement plus lourde au niveau des pertes humaines. Ce genre d'attaque s'explique par une volonté de frapper un pays qui a un une Constitution et un régime démocratiques. Ceux qui attaquent la Tunisie se trouvent dans leur majorité en Libye. Ils sont plus connus pour leur allégeance à ce qui est connu comme Daech », a déclaré le locataire du palais de Carthage, estimant que ces menaces, qui « peuvent mettre en péril l'unité et l'intégrité du territoire tunisien », visent à torpiller le processus démocratique. Parmi ces menaces, celles « distillées » par Daech contre la sécurité de la Tunisie, l'activisme signalé de groupes liés aux terroristes après la fermeture des 80 mosquées « prises » par les salafistes, la campagne d'arrestations des éléments suspects dans plusieurs régions et le retour annoncé, selon l'ancien général et actuel président du Centre tunisien des études sécuritaires, Mokhtar Ben Naser, d'une partie des 3.000 Tunisiens actuellement en Irak et en Syrie. D'où, dit-il, son appel à une mobilisation populaire pour combattre le terrorisme qui « a gagné nos villes » et la « propagation de ce phénomène vers d'autres pays arabes », dans le respect des droits de l'Homme. « Le défi sécuritaire auquel nous sommes confrontés désormais est d'autant plus difficile que nous nous trouvons sur les frontières d'un pays sans Etat et livré à des milices armées (...) et à des acteurs régionaux et internationaux dont chacun cherche à servir un agenda bien déterminé », dit-il, insistant sur deux points. Le premier est « la porosité des frontières avec la Libye » qui nécessite une coordination plus étroite et globale avec les pays voisins et amis. « Nul pays n'est à l'abri d'une action terroriste et même si nous avons reçu le soutien de l'Algérie et de l'Union européenne, une coordination plus étroite s'apparente à une nécessité pour enrayer la menace », indique-t-il. Le second : l'extrême précarité de la situation sociale. « Le pays a connu avec l'investiture du nouveau gouvernement une explosion de grèves légitimes et illégitimes frisant la désobéissance civile, la multiplication des revendications outrancières », rappelle Essebsi appelant à une trêve pour la reprise économique. « Si nous voulons regagner la confiance des investisseurs, nous devons mettre en place un climat propice », a expliqué le président tunisien. « Aucun pays n'est à l'abri » « La Tunisie a besoin d'aide internationale pour lutter contre ce danger. Nous avons trouvé de l'aide de la part des grandes puissances à l'instar des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne de la France, sans oublier le support de l'Algérie », a déclaré Essebsi. « La protection et la sécurisation de plus de 500 km de frontières avec la Libye exigent la mobilisation de grands moyens et de matériels modernes dont la Tunisie ne dispose pas aujourd'hui », souligne-t-il, plaidant pour une coopération internationale antiterroriste. Outre l'état d'urgence, Essebsi a limogé le gouverneur de Sousse et plusieurs responsables de la police à Kairouan où étudiait Seifeddine Rezgui, le terroriste qui a ouvert le feu le 26 juin sur des touristes sur une plage et au bord des piscines d'un hôtel du Port El Kantaoui, à Sousse et à Gaâfour, sa ville d'origine. Après cet attentat, la Tunisie a annoncé le déploiement de plus de mille agents armés supplémentaires pour sécuriser plages et sites touristiques. Mercredi soir, jour de son entrée en vigueur, le ministre de l'Intérieur a lui-même constaté des carences à Hammamet, au sud de Tunis. Tout « comme il y a eu des défaillances sécuritaires, il y a eu des défaillances politiques », admet Dhafer Néji, conseiller en communication auprès du chef du gouvernement.