La décision de la Tunisie d'ériger, d'ici la fin de l'année, un mur en sable de 2 mètres de hauteur, de creuser une tranchée sur 186 kilomètres pour empêcher le passage des véhicules le long de la frontière avec la Libye et d'intégrer les 280 kilomètres restants dans les zones militaires, irrite le gouvernement installé à Tripoli par Fajr Libya, une coalition de milices islamistes. Dans un communiqué rendu public, ce gouvernement non reconnu par la communauté internationale estime que ce « rempart » décidé par le gouvernement tunisien pour endiguer la menace terroriste, après le meurtre de 21 touristes étrangers dans une attaque, le 18 mars dernier, contre le musée du Bardo, au cœur de Tunis, est « une agression contre la souveraineté libyenne ». « Toute mesure relative à la sécurisation de la frontière doit être le résultat d'un dialogue et d'une coordination entre les deux pays » et « aucune mesure unilatérale ne réalisera la stabilité et la sécurité » de la Tunisie, souligne le gouvernement libyen dans le même communiqué. Le conseil supérieur des révolutionnaires de Libye (Fajr Libya) se fait plus explicite. Assimilant l'acte tunisien à une « occupation » et une « atteinte criante à la souveraineté libyenne », il annonce qu'il se réserve le droit de réagir de toutes les façons possibles, à n'importe quel moment ou endroit ». Crise en perspective ? Taieb Baccouche, le ministre tunisien des Affaires étrangères, et Touhami Abdouli, le secrétaire d'Etat aux Affaires arabes et africaines, rassurent. « Nous n'avons reçu aucune protestation officielle de Tripoli concernant la barrière frontalière » et « les autorités libyennes nient tout lien avec le communiqué menaçant de Fajr Libya dont les positions ne représentent pas celles du gouvernement », disent-ils. Après ces menaces, une question se pose. Les milices de Fajr Libya oseront-elles s'attaquer à la Tunisie, un pays qui souffre de l'anarchie sécuritaire régnant en Libye et surtout désigné par le président américain Barack Obama comme le 16e allié majeur non-membre de l'Otan ?