L'émissaire onusien pour la Libye a appelé vendredi soir à l'arrêt des combats qui ont opposé durant la journée des forces de la coalition Fajr Libya à celles du gouvernement internationalement reconnu, alors que le dialogue inter-libyen se poursuit au Maroc. Les Nations unies ont suivi avec préoccupation la situation en Libye, a déclaré Bernardino Leon, regrettant des actions sur le terrain qui sont une menace pour le dialogue dans un pays en proie au chaos. Lors d'un point de presse au terme d'une première journée de dialogue entre les Parlements rivaux libyens réunis à Skhirat pour un troisième round de dialogue, il a exhorté les parties à arrêter ces actions et à coopérer avec l'action politique. La communauté internationale et les Nations unies ne vont pas accepter de tels comportements, alors qu'il y a une opportunité pour tous les Libyens de se réunir dans la bataille contre le terrorisme, a ajouté M. Leon. Des combats ont opposé vendredi près de Tripoli des forces de la coalition de milices Fajr Libya, qui contrôle la capitale, à celles du gouvernement internationalement reconnu, basé à Tobrouk (est). Le gouvernement de Tobrouk a annoncé le lancement par ses troupes d'une opération visant à libérer Tripoli. Le gouvernement salue les opérations lancées par les unités de l'armée libyenne au sud de Tripoli, qui constituent le début de l'offensive pour libérer Tripoli et ses banlieues, a-t-il annoncé par un communiqué sur sa page officielle Facebook. Fajr Libya, qui contrôle la capitale depuis août, a indiqué sur des réseaux sociaux que ses hommes avaient combattu un groupe hostile s'étant infiltré dans la région d'al Aziziya, à 35 km au sud de la capitale. Les miliciens ont indiqué avoir saisi des équipements militaires et capturé un certain nombre d'assaillants. Ces combats se déroulent alors même que sont réunis au Maroc des représentants du Parlement reconnu siégeant à Tobrouk, et ceux de l'Assemblée sortante, le Congrès général national (CGN), que le gouvernement installé par la coalition de milices Fajr Libya. L'ONU a dit espérer des avancées d'ici la fin du troisième round dimanche des négociations visant à arracher un accord sur un gouvernement d'unité nationale. Durant les trois jours de négociations, les parties rivales discuteront des documents sur les arrangements de sécurité, le gouvernement d'unité nationale et les mesures de confiance, avait détaillé l'émissaire onusien en début de journée. Nous souhaitons que ces trois documents soient prêts et si possible publiés d'ici dimanche, a-t-il poursuivi. Le chef de la délégation du CGN, Mohammed Saleh al Makhzoum, a réitéré l'appel du groupe de Tripoli à un dialogue direct. De son côté, le chef de la délégation de Tobrouk, Mohamed Ali Chouaib, a insisté sur la légitimité du Parlement reconnu, qui a été élu à l'issue d'élections libres. Livrée aux milices depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011 après huit mois de révolte, la Libye est le théâtre de combats entre les différentes factions, mais aussi entre milices et forces pro-gouvernementales. Depuis des semaines, elle est en outre la cible d'attaques revendiquées par l'EI qui contrôle des pans entiers de territoire en Syrie et en Irak.
L'ONU espère des avancées dans le dialogue entre les 2 Parlements L'ONU a dit espérer d'ici dimanche des avancées dans le dialogue entre les deux Parlements rivaux libyens, qui a repris vendredi au Maroc dans le but d'arracher un accord sur un gouvernement d'unité nationale dans un pays en proie au chaos. Toutes les délégations sont ici et nous espérons que ce sera un round de négociation décisif, a déclaré à la presse l'émissaire de l'ONU, Bernardino Leon, au début du troisième round qui se déroule à Skhirat, station balnéaire proche de Rabat. De son côté, le chef de la délégation de Tobrouk, Mohamed Ali Chouaib, a insisté sur la légitimité du Parlement reconnu internationalement. Il n'est pas question de discuter de la légitimité. Le Parlement a été élu à l'issue d'élections libres selon les normes internationales, a-t-il déclaré.
Le gouvernement libyen appuie ses rivaux dans leur combat contre l'EI Le ministre libyen des Affaires étrangères Mohamed Al-Dayri s'est félicité des combats livrés par ses rivaux au sein des milices de Fajr Libya aux djihadistes du groupe Etat islamique (EI) dans l'est du pays. Il s'agit de la première réaction du gouvernement reconnu internationalement aux combats qui opposent depuis une semaine par intermittence des miliciens de Fajr Libya à la branche libyenne de l'EI dans la région côtière de Syrte, à 450 km à l'est de Tripoli. Livrée aux milices, la Libye est plongée dans le chaos où deux autorités se disputent le pouvoir: un gouvernement et un Parlement reconnus internationalement siégeant dans l'est du pays, et un gouvernement et un Parlement parallèles installés à Tripoli après la prise en août de la capitale Tripoli par la coalition de milices de Fajr Libya. S'adressant à des journalistes dans son lieu de résidence dans la ville d'Al-Bayda (est), le chef de la diplomatie libyenne a dit accueillir favorablement la direction prise par des factions de Fajr Libya qui combattent la branche libyenne de l'EI à Syrte. Cette position renforce l'une des principales bases du consensus national auquel nous aspirons et qui est la lutte contre le terrorisme, a-t-il ajouté. Après l'entrée en février des jihadistes de l'EI à Syrte, Fajr Libya, une coalition de milices notamment islamistes, avait envoyé des renforts pour défendre la ville. Les combats se déroulent dans l'est de Syrte et dans des localités situées à proximité. Selon des responsables à Tripoli, l'EI s'est allié avec des partisans du régime de Mouammar Kadhafi, renversé par une révolte en 2011, pour l'aider à s'emparer des secteurs dans cette région où se trouvent des champs pétroliers. Fajr Libya et le gouvernement reconnu tentent de contrer l'influence de l'EI, qui a revendiqué ses premières attaques en Libye en janvier avec un assaut spectaculaire contre un hôtel à Tripoli (neuf morts), puis en février avec la décapitation de 21 chrétiens, la plupart égyptiens. La déclaration du ministre libyen est intervenue avant la reprise au Maroc d'un nouveau round de pourparlers prévu vendredi, sous l'égide de l'ONU, entre délégations des deux Parlements rivaux pour tenter d'arracher un accord sur un gouvernement d'unité nationale. Des membres des deux Parlements rivaux sont depuis jeudi soir à Skhirat, station balnéaire proche de la capitale marocaine Rabat. L'émissaire onusien Bernardino Leon doit faire un point vendredi matin sur l'état d'avancée des négociations. Un premier round de ces pourparlers s'était déroulé début mars.
12 morts dans des combats entre djihadistes de l'EI et miliciens Au moins douze miliciens antigouvernementaux ont été tués mercredi dans des affrontements avec des djihadistes du groupe Etat islamique (EI) près de Syrte dans le centre de la Libye, ont rapporté une source locale et les autorités basées à Tripoli. Des combats par intermittence opposaient depuis samedi des miliciens à ces djihadistes de la branche libyenne de l'EI près de Syrte, une ville côtière située à 450 km à l'est de Tripoli. Les douze miliciens antigouvernementaux ont été tués dans la localité de Noufliyeh, fief des djihadistes qui contrôlent depuis février de larges pans du territoire dans la région de Syrte, selon un communiqué des autorités de Tripoli. Douze héros de l'armée libyenne ont été tués traîtreusement à Noufliyeh par des membres de l'EI, a dit le communiqué. Une source locale a fait état de la mort dans ces combats de dix miliciens à Ben Jawad et deux autres à Noufliyeh. Après l'entrée en février des djihadistes de l'EI à Syrte, Fajr Libya, une coalition de milices notamment islamistes qui contrôlent Tripoli, avait envoyé des renforts pour défendre la ville. Depuis la fin de la révolte qui a renversé en 2011 le régime de Mouammar Kadhafi, la Libye est morcelée et sous la coupe de milices rivales formées surtout d'ex-rebelles. Deux autorités s'y disputent le pouvoir: un gouvernement et un Parlement reconnus internationalement, siégeant dans l'est du pays, et un gouvernement et un Parlement parallèles installés à Tripoli par Fajr Libya, qui s'est emparée en août de la capitale et d'une grande partie de l'Ouest libyen. Pour ajouter à la confusion, ces deux pouvoirs tentent de contrer l'influence de l'EI, qui a revendiqué ses premières attaques en Libye en janvier avec un assaut spectaculaire contre un hôtel à Tripoli (neuf morts dont un Américain et un Français), puis en février la décapitation de 21 chrétiens, la plupart égyptiens. Les violences près de Syrte sont survenues à la veille de la reprise au Maroc d'un nouveau round de pourparlers, sous l'égide de l'ONU, entre délégations des deux Parlements rivaux pour tenter d'arracher un accord sur un gouvernement d'unité nationale. La mission de l'ONU en Libye (Manul) a appelé dans un communiqué publié mercredi les parties en conflit à surseoir à toute escalade militaire (...) pour ne pas nuire aux efforts visant à trouver une solution politique au conflit. Un premier round de ces pourparlers s'est déroulé début mars à Skhirat, station balnéaire proche de la capitale marocaine Rabat, avant d'être suspendu.
L'instabilité en Libye, terreau du terrorisme L'instabilité en Libye est le terreau du terrorisme en Tunisie, a affirmé à Paris le ministre tunisien des Affaires étrangères Taïeb Baccouche, qui a appelé la communauté internationale à agir pour parvenir à un gouvernement unitaire dans ce pays. Le terreau qui favorise le terrorisme, c'est l'instabilité, l'absence d'Etat en Libye (...) Tant que la situation est ce qu'elle est, nous sommes tous menacés, a déclaré M. Baccouche, après l'attaque contre le musée du Bardo à Tunis qui a fait 19 tués dont 17 touristes. Nous soutenons toute action qui vise à trouver une solution en Libye pour avoir un seul gouvernement capable de contrôler le territoire, a-t-il affirmé après une rencontre à Paris avec le président de l'Assemblée nationale Claude Bartolone qui était prévue avant l'attentat de mercredi. C'est le seul moyen de lutter contre le terrorisme, a encore insisté le chef de la diplomatie tunisienne, dont le déplacement en France était prévu de longue date. La Libye est aujourd'hui dirigée par deux parlements et deux gouvernements rivaux, l'un proche des milices islamistes qui contrôlent la capitale Tripoli, et l'autre reconnu par la communauté internationale qui siège à Tobrouk (est). Le président de l'Assemblée nationale Claude Bartolone, lui-même natif de Tunis, a souligné que la Tunisie faisait figure de symbole au lendemain du printemps arabe et au lendemain d'un processus démocratique qui a permis d'avoir un président, un gouvernement, un Parlement installés qui travaillent. Mais au-delà de la Tunisie, ce sont tous les démocratiques qui sont menacés par le terrorisme, a ajouté M. Bartolone.